Chaque année, le Rendez-vous aux jardins est l’occasion d’aller visiter quelques joyaux de passionnés que Koikispass est allé dénicher pour vous ! Qu’ils soient remarquables, extraordinaires, monumentaux ou minimalistes, cachés ou ouverts, les jardins nivernais sont avant tout l’oeuvre de passionnés et de véritables lieux de préservation et de découverte.
Forgeneuve, un Giverny en Nièvre
Si Claude Monet n’était pas mort, il serait à Forgeneuve. Nul autre lieu ne peut plus convenir à ce vers du poète libanais Khalil Gibran “La tristesse est un mur élevé entre deux jardins”. Derrière la bâtisse un peu austère que l’on aperçoit de la route de Coulanges-lès-Nevers, se révèle un lieu où le peintre des Nymphéas saurait retrouver un peu de Giverny.
Un monde en miniature
Plus de 300 variétés d’arbres, dont un platane de 260 ans classé Arbre remarquable de Bourgogne, trois cours d’eau dont la Nièvre dans sa sauvagerie la plus complète, plus de 300 variétés de fleurs, le tout sur un domaine de 20 hectares. Bienvenue derrière les pierres grises de Forgeneuve, premier de nos jardins nivernais.
Acquis en 2009 par Françoise et Jean-Luc Martinat, le domaine est un lieu historique (classé aux MH en 2008). Ancienne forge du 16e siècle, rénovée au 19e, c’est jusqu’en 1871 l’une des annexes des Forges Royales de Guérigny. Mais déjà en 1845, son propriétaire, passionné de botanique lui avait adjoint un jardin tout droit sorti de l’imaginaire romantique que le célèbre industriel Oberkampf continua d’enrichir en important depuis les USA des plantes jusqu’alors inconnues.
Végétal et minéral
A Forgeneuve, l’histoire se mêle au bâti et au jardin. D’abord à l’anglaise, les aménagements réalisés ont dessiné une nouvelle structure : « Ce qui est important dans les agencements ce sont les perspectives avec les différents bâtiments (NDLR : la maison, la forge mais aussi la caserne jadis réservée aux ouvriers, face à un bief qui sert à la régulation des eaux de la Nièvre) parce que le site fait partie du décor ».
Un mélange de végétal et de minéral qui, chaque année, à l’occasion des rendez-vous aux jardins, accueille une vingtaine de peintres mais qui a aussi son lot de contraintes, comme l’obligation pour conserver le label Jardins Remarquables de conserver les essences ou l’entretien : « Chaque semaine il me faut six heures pour tondre les pelouses, le même temps que pour aller à Cannes ! » sourit Jean-Luc Martinat.
Ouverture : Samedi, dimanche et jours fériés de 10h30 à 18h30 / Visite guidée sur demande
Tarif : gratuit – Contact : 03 86 57 54 50 – Adresse : 20 route de Guérigny, 58660 Coulanges-les-Nevers
Les Forges de la vache, une nature industrielle
Bien connu des mélomanes pour les nombreux concerts de musique classique qu’elles accueillent, les Forges de la Vache ont bien failli tomber dans l’oubli sans la passion de Claudine Muller qui, en 1995, acquiert un domaine historique qui hébergeait alors des logements et des terres agricoles.
Un jardin industriel
Sa particularité ? Un terril de laitier, résidu de la fonte qui se transforme en pierre noire. Une particularité qui a dicté ce qu’allait être le jardin de 4 hectares : « Quand je suis arrivée, il n’y avait rien qu’une jungle. J’ai voulu un jardin qui soit en accord avec le lieu, industriel, et concevoir un endroit à la fois sauvage et organisé. Je ne voulais pas d’un truc léché ». Dans le « carré de la Saint-Sylvestre » aménagé lors d’un nouvel an, des arbres, jadis enfermés dans la végétation, se sont faufilés à la recherche de la lumière, leur donnant un aspect fantasmagorique. Particularité parmi nos jardins nivernais, sur le terril, entièrement composé de pierres et de poussière de laitier, les arbres mettent leurs racines à nu, comme une forêt de Brocéliande en miniature.
En partie aménagé sur un terril
Sauvé in extremis
Le « jardin de curé à la française », organisé en 18 carrés accueille l’été des artistes contemporains. Une prairie parsemée d’arbres plus que centenaires : des marronniers, très en vogue au début du 20e siècle, des platanes (dont un de 200 ans) mais aussi une forêt de lilas qui conduit jusque sur le terril. Le domaine, il y a longtemps propriété des moines de La Charité est ensuite intégré au 17e siècle au Plan Colbert et se transforme en annexe des Forges Royales de Guérigny. Il comprenait alors un étang, une imposante ferme, une forge aujourd’hui transformée en lieu de réunion et de concerts, mais aussi une guinguette et des cabanes, la maison principale devenue un hôtel 3 étoiles et plusieurs bâtiments transformés en gîtes. Confié aux bourgeois du 19e qui y pratiquent la chasse à courre, l’endroit est ensuite laissé à son propre sort jusqu’à son rachat par Claudine Muller en 1995.
Depuis, le domaine de la Vache laisse l’espace aux créateurs : musiciens lors des concerts hors saison, sculpteurs, artistes de land’art ou encore la maison à roulettes No/Made de l’artiste nivernais Laurent Bonté.
Ouverture : toute l’année en accès libre – Tarif : gratuit – Contact : https://forgesdelavache.com
Adresse : Raveau, 58400 La Charité-sur-Loire
Châtillon-en-Bazois, la Nivernaise anglaise
Vieux de 1000 ans, le Château de Châtillon-en-Bazois était entouré de marécages jusqu’à l’assèchement de ces derniers pour ériger des jardins. D’abord potager, le parc est devenu en 1830 un jardin nivernais à l’anglaise avant de s’inscrire aujourd’hui dans une recherche de contemporanéité.
Mêler hier et aujourd’hui
En 1830, le comte Lavenne de Choulot transforme ses jardins en parc à l’anglaise, agrémenté d’aménagements à la française : “Quand nous sommes arrivés, les jardins n’étaient plus entretenus, explique Chantal Moreau Sribny. Il a donc fallu les faire renaître en prenant soin de ne pas changer leur identité tout en les faisant évoluer”.
L’endroit est un parc vert dont l’une des particularité est la présence en quantité importante de buis centenaires qui donnent sur le canal et sur la rivière Aron, aux portes du Morvan. Sous forme de bancs ou de topiaires, en moutonnement, la taille des buis renvoie à l’architecture de l’édifice ou en rappel du bocage environnant et ses haies du Bazois. Un cèdre bleu du Liban et un sophora bicentenaires, ainsi que des hêtres pourpres centenaires font aussi la particularité de ce parc.
Un parc de buis centenaires
L’alliance du classique & du contemporain
Dans les années 90, Chantal Moreau Sribny décide d’accueillir des artistes contemporains. Des expositions monumentales estivales qui vont aussi avoir une influence sur l’agencement du parc : “J’ai voulu redessiner certains aménagements en tenant compte de l’environnement, et principalement de l’eau”. Alors sont apparus des bassins et des miroirs d’eau à flanc de pelouse qui ont constitué le jardin des bassins : formes géométriques et modernes, dans un style à la Française, résolument contemporaines qui viennent compléter le jardin à la française de la tour ou le jardin de l’orangerie daté, lui, du XVIIe siècle.
Depuis, le domaine de la Vache laisse l’espace aux créateurs : musiciens lors des concerts hors saison, sculpteurs, artistes de land’art ou encore la maison à roulettes No/Made de l’artiste nivernais Laurent Bonté.
Ouverture : l’après-midi du 14 juillet à fin août – Tarif : 9€ / gratuit pour les – de 10 ans
Contact : www.chateaubazois.com – Adresse : 15 rue San Goar, 58110 Châtillon-en-Bazois
La renaissance de la Chartreuse Notre-Dame du Val Saint-Jean
Autre de nos jardins nivernais, entre le canal du nivernais et l’Yonne, la Chartreuse de Basseville, Notre-Dame du Val Saint-Jean à Pousseaux est un lieu atypique. Datant de 1328, ce monastère de Chartreux habité par des moines durant 450 ans a été acquis, en 2010, par Dominique Kieffer qui a souhaité lui redonner son âme et rebâtir ses jardins.
Un conservatoire des variétés locales
Lorsque Dominique Kieffer acquiert la Chartreuse en 2009, le lieu est depuis la Révolution dévoué aux travaux agricoles mais malgré tout inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1927. En 2010, il décide de redonner au lieu la configuration qu’il avait du temps de sa splendeur monastique.
Depuis les jardins sont en renaissance. Un verger conservatoire réunit des espèces anciennes pour la plupart locales de cerisiers, poiriers, framboisiers, cognassiers, cassissiers mais aussi de nombreux pommiers Mai Nivernais, la Reinette d’Auxois, le Carré d’hiver du Morvan, la Ménagère d’Auxois ou encore la Reinette de Montbard, avec le concours du G.R.E.F.F.O.N (Groupe pour la Renaissance des Espèces Fruitières et Forestières Oubliées de la Nièvre).
Jardin médiéval et haies mellifères
Pour faire écho à l’architecture de la cour carrée (dite Cour des obédiences), un Hortus conclusus (jardin enclos) est également recréé. Comprenant six « parterres à compartiments », à l’emplacement même de celui des moines, ils sont semés en fleurs, en plantes potagères, médicinales, aromatiques, ou tinctoriales issues de l’agriculture biologique encerclées de 450 jeunes plants de haies mellifères, destinées à soutenir le développement de la faune et de la flore.
L’un des derniers monastères chartreux
Ouverture : variable, infos sur https://chartreuse-de-basseville.com
Adresse : Basseville, 58500 Pousseaux
Apremont-sur-Allier, le Parc Floral hors sentier
On vous entraîne à une encablure de la Nièvre dans l’un des plus beaux parc floraux de France, le Parc floral d’Apremont. Situé dans l’un des plus beaux villages de France, le parc créé il y a 40 ans est un lieu exceptionnel qui semble tout droit sorti des Mille et Une Nuits… sans doute le plus remarquable de nos jardins nivernais.
Une exposition universelle version botanique
Maison à pagode de Chine, pavillon turc, belvédère russe comprenant huit panneaux du “voyage de Puccinelli” réalisés par Montagnon, cascade artificielle – 650 tonnes de pierres – le Parc Floral est un peu le reflet fleuri de l’Exposition universelle.
Créé en 1977 par Gilles de Brissac, disparu en 2002 et frère de l’actuelle propriétaire, la romancière Elvire de Brissac, le jardin encadre le château 17e, propriété de la famille depuis Louis de Béthune qui l’acquiert en 1722. Les pavillons fantaisie, dans l’esprit 18e sont l’œuvre du peintre et architecte Alexandre Serebriakoff qui a notamment travaillé pour les Windsor ou les Rotschild.
La collection de pavillons fantaisie
1500 variétés de plantes
A l’anglaise – le jardin compte un arboretum et plus de 1500 variétés de fleurs, dont un jardin blanc, inspiré du jardin de Sissinghurst créé par la romancière Vita Sackville-West dans le Kent, le jardin le plus célèbre et le plus visité au monde. Parmi les particularités, des glycines de Chine et du Japon en voûtes au dessus des chemins, les acacias roses font d’Apremont un jardin en Technicolor ou encore la cascade entièrement artificielle alimentant plusieurs étangs. Le tout dans un des plus beaux villages de France, entièrement réhabilité en 1930 dans le style médiéval.
Et le truc qui en jette : Gilles de Brissac, son fondateur a même donné son nom à une rose réputée pour son parfum puissant : la Gilles de Brissac – château d’Apremont.
Ouverture : tous les jours de fin mars à fin septembre – Tarifs : (Parc floral, musée des calèches, exposition temporaire et promenade sur les remparts du château) : Adulte : 10 € / Enfant de 7 à 12 ans : 6 € (gratuit pour les -7 ans) / Tarif réduit 5 €.
Contact : info@apremont-sur-allier.com – Adresse : 18150 Apremont-sur-Allier
Le Jardin Médiéval des Grands-Prés
Hameau de Chazué, Raveau
L’écrivain Marie Angel disait : “un jardin, même tout petit, c’est la porte du paradis.” La porte du paradis se trouve donc à Raveau où le célèbre ornementaliste Maître d’Art Jean-Claude Duplessis a créé en 2009, avec sa femme Sylvie, “un vieux rêve”, le jardin médiéval des Grands Prés. Entièrement ceinturé de treillis de bois, le lieu est un jardin d’agrément, de plantes potagères vivaces, le tout cultivé en plessis de châtaignier : variétés de tomates, plantes aromatiques, encore des plantes médicinales, mais aussi des cultures fertilisantes comme le lin, la moutarde, le trèfle, alternatives aux pesticides bien entendu interdits. Le tout, jalonné de poèmes…
Jardin du Château de Romenay
Diennes-Aubigny
Dessinés par Guy Coquille, les jardins du Château de Romenay à Diennes-Aubigny ont retrouvé leur système hydraulique après d’importantes fouilles effectuées par les actuels propriétaires, Catherine et Joël Boutrolle, pour repérer les anciens canaux. Quatre bassins, les douves et un Nymphée (bassin d’une source considérée comme sacrée) constituent les principaux aménagements de ce jardin nivernais dont subsistent aussi des buis d’un Jardin à la française datant du 17e siècle.
Herbularium de la maison du Parc
Saint-Brisson
Conçu sur le principe du “verger des simples” (médiéval), l’Herbularium de la maison du Parc, créé il y a 32 ans a pour projet de présenter au grand public 170 variétés de flore du Morvan et domestiques (médicinales, aromatiques…) accompagnées de panneaux explicatifs sur l’origine et l’usage des plantes. Le tout sur un domaine qui constitue le coeur administratif du Parc Naturel du Morvan composé de buis, de frênes et de tilleuls. (contact@parcdumorvan.org)
Voilà pour ce tour d’horizon de nos jardins nivernais, il ne vous reste plus qu’à préparer l’appareil photo, le bob et la gourde et aller faire quelques selfies lors des Rendez-vous aux jardins les 8 et 9 juin prochains pour découvrir ces petits coins de paradis et ces “jardins extraordinaires Loin des noirs buildings et des passages cloutés”. Thank you Monsieur Trénet !
En complément de cet article : 10 plans d’eaux dans La Nièvre