Un samedi sur deux, l’association Signes aides services organise des cours de langue des signes française pour adultes au Greta de Nevers. Dans une ambiance ludique, on peut s’initier à cette pratique qui facilite les échanges avec les personnes sourdes ou en déficience auditive. Une journée portes ouvertes a lieu le samedi 9 décembre prochain.
« C’est pas comme ça qu’on “dit” une bière ? Ah non, ça c’est une olive ! » Les six élèves éclatent de rire simultanément, alors que le formateur corrige son élève. Un petit geste du poing avec un mouvement du pouce vers le haut et on désigne la boisson houblonnée. Le même geste, doublé avec une légère intervention de l’index et la bière se transforme en un petit fruit méditerranéen. La nuance est subtile mais elle a son importance. Voilà résumée en une scène, cocasse, toute la finesse de la langue des signes française (LSF) que Mark Farayet et Marlène Loup, de l’association Signes aides services (SAS), enseignent un samedi sur deux dans les locaux du Greta de Nevers.
Apprendre en jouant
Ce matin du mois de novembre, ce sont deux salles de l’établissement de formation professionnelle qui accueillent les élèves. On y prépare les évaluations de fin d’année dans deux groupes de niveau différent. Au deuxième étage, on croise les débutants, des étudiants d’un niveau A1 ou A2 comme les désigne le cadre commun de l’Union européenne, qui s’applique à la langue des signes comme à toutes les autres langues plus « classiques ». Mais, comme le dit Mark : « Ils ne sont plus si débutants que ça ! » Car ici les cours se déroulent sur une année civile ; à ce moment précis du calendrier, les pratiquants commencent déjà à bien se débrouiller avec ce nouvel idiome. Au programme du jour, on réalise des petits exercices qui permettent d’apprendre et progresser de façon ludique. On s’amuse donc en jouant au pendu ou au téléphone arabe. « En début d’année, la phrase finale n’a souvent plus aucun sens. Aujourd’hui, elle devrait arriver en bout de course à peu près identique à la façon dont elle avait débuté », rigole Mark. Ces petits jeux ont pour objectif de rendre l’apprentissage vivant, même s’il existe également une véritable conjugaison, un alphabet et des fondamentaux grammaticaux, comme pour toutes les langues parlées.
« Comment désigne-t-on Élisabeth Borne ? »
Ces fondamentaux, on les maîtrise un peu plus un étage plus bas, où Marlène Loup intervient auprès d’étudiants d’un niveau plus avancé (niveaux B1 et B2). La séance est moins axée sur le jeu mais elle n’en reste pas moins divertissante : les élèves commencent par des échanges en langue des signes sur l’actualité de la semaine. On y relate, en gestes, une anecdote de sa vie personnelle. On peut aussi évoquer une rencontre sportive ou « parler » culture. Philippe, l’un des participants, s’interrompt d’ailleurs alors qu’il raconte un épisode récent de la vie politique française : « Comment désigne-t-on Élisabeth Borne ? » « En glissant ses mains dans les poches », répond Marlène qui mime le petit gimmick propre à la Première ministre. Car en langue des signes on s’appuie sur les caractéristiques physiques ou les consonances phonétiques des noms pour « nommer » les individus.
Une langue accessible à tous
Après ces premiers échanges, on bascule vers un atelier musical. Sur la chanson Les Dormantes de Zaho de Sagazan, les stagiaires répètent une chorégraphie inspirée de paroles qu’ils ont traduites en LSF. C’est justement ce petit spectacle musical qui sera présenté lors des portes ouvertes qui auront lieu le samedi 9 décembre. Une journée pour découvrir la langue et pour s’apercevoir que celle-ci n’est pas réservée uniquement aux personnes sourdes : au contraire, puisqu’elle doit précisément permettre de briser l’isolement des personnes en situation de handicap. Jennifer, par exemple, assiste à ces cours pour aider une petite fille de l’école maternelle dans laquelle elle travaille à Mornay-sur-Allier (Cher). « C’est la commune qui finance cette formation. Je donne des cours aux enfants du centre de loisirs voisin pour leur apprendre les bases dès leur plus jeune âge. » Carine, elle, apprend juste pour le plaisir : « J’ai commencé sans but précis, je partais dans l’inconnu et l’inconnu est devenu une véritable passion. » Que chacun peut désormais faire sienne : le premier cours de la nouvelle année de formation débutera le samedi 6 janvier prochain.
Une journée portes ouvertes le samedi 9 décembre
Le Greta 58 propose de découvrir la langue des signes française le samedi 9 décembre, de 10 heures à 16 heures. Au programme : animation autour de la LSF, échanges avec les stagiaires et spectacle musical à 15 heures. L’entrée se fait par la rue Claude Parent à Nevers.
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Rémi Belot