En 1848 à Clamecy, l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte comme Président de la Deuxième République est accueillie avec faste. Les Clamecycois, pour beaucoup parmi les Républicains de la veille – qui portaient les valeurs de la République avant même la révolution de 1848 – apportent leur soutien sans condition à la nouvelle République et font allégeance au tout nouveau Président de la République. Une histoire d’amour qui se termine dans le sang…
Trois ans plus tard, à l’hiver 1851, la Nièvre est en état de siège depuis le mois d’octobre. L’allégresse de l’élection de 1848 a laissé un goût amer aux nivernais : censure de la presse, révocations des préfets, instituteurs… les défenseurs de la République intègrent alors des sociétés secrètes appelées Marianne qui vont se développer dans tout le département. Face à cette révolte qui gronde, le général Jean-Pierre Léon Peillon qui possède toute autorité sur la Nièvre va procéder à de nombreuses arrestations préventives. Mais le 2 décembre le Président de la République Louis Napoléon Bonaparte dissout l’Assemblée Nationale, rétablit le suffrage universel pour les hommes et décide que, comme la constitution lui interdit de se représenter, il va simplement modifier la constitution et programme une élection les 21 et 22 décembre. Dénonçant un coup d’état, les Républicains prennent les armes à travers toute la France.
Clamecy fait de la Résistance
La nouvelle du coup d’état parvient à Clamecy dans la nuit du 2 décembre. 11 Républicains sont arrêtés. Le 5, des villages proches de Clamecy s’agitent : Suroy et Pousseaux. à Clamecy, 800 hommes, principalement des flotteurs mais aussi des artisans avec femmes et enfants, plus ou moins armés, se dirigent vers la ville haute en chantant La Marseillaise avec pour objectif de délivrer les onze détenus républicains. Arrivés place Saint-Jean, face à une centaine d’hommes en arme, les négociations échouent : deux gendarmes et un insurgé sont abattus. Les Républicains investissent la mairie et décident d’y installer un nouveau maire, Rousseau. Le lendemain, des républicains armés de fourches et de fusils, arrivent de villages voisins : Surgy, Entrains, Dornecy, et rejoignent l’insurrection.
La nuit de l’horreur
Sonnant le tocsin toute la nuit, les insurgés mènent un véritable marché funèbre dans toute la ville : un gendarme est massacré, des habitants sont tués. Des barricades bloquent l’accès de la ville. à l’arrivée du Préfet Alphonse Louis Petit de la Fosse, et d’une armée venue de Paris, deux missionnaires venus parlementer sont fusillés par les insurgés qui, finalement, se rendant compte que Paris ne s’est pas soulevée, déposent les armes. Malgré cette réédition, la République eut besoin de faire un exemple : arrestations, déportations, le procureur général Corbin, dénonça même une « razzia effroyable, par centaines à l’encontre « d’un troupeau d’imbéciles ». Au final, près de 580 insurgés furent jugés : 228 furent déportés en Algérie, 133 autres à la déportation sous simple surveillance, sans travaux forcés et 7 furent condamnés à mort. De nombreuses familles, privées de leurs « bras » tombèrent dans la misère.Un an plus tard, le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte est sacré Empereur sous le nom de Napoléon III.