A la sortie de la Première Guerre Mondiale (1914-1918), la S.F.I.O. (Section Française de l’Internationale Ouvrière), que l’on connaît depuis 1971 sous le vocable de Parti Socialiste, apparaît comme un parti enraciné dans de vieilles méthodes qui n’a pas su éviter la boucherie de 14 – 18. De plus, les événements d’Europe de l’Est, tels que la révolution de février 1917 en Russie, influencent fortement les militants socialistes qui veulent mettre en place une tactique plus fondamentalement révolutionnaire.
LE CHANGEMENT, C’EST MAINTENANT
Un débat va donc s’ouvrir au sein du Parti Socialiste (S.F.I.O) français auxquels les militants socialistes nivernais vont prendre part. Trois possibilités s’offrent à eux : soit rester dans le giron de la IIe Internationale, fondée en 1889 par les partis socialistes et ouvriers d’Europe (motion Longuet), soit décider de reconstruire entièrement la S.F.I.O. (motion Blum) ou bien soit adhérer à la IIIe Internationale, fondée par Lénine en juin 1919 et par conséquent faire allégeance au pouvoir bolchévique installé à Moscou et fondé un nouveau mouvement politique, la Section Française de l’Internationale Communiste (S.F.I.C.), ancêtre du Parti Communiste Français (motion Cachin Frossard).
Quelques jours avant l’ouverture de ce congrès, des délégués des groupes socialistes nivernais se réunissent. Chaque motion est
défendue par un militant de chaque tendance pendant 10 minutes. A l’issue de ces débats, ces derniers sont donc invités à passer
au vote. Les résultats sont sans appel : la motion Cachin Frossard obtient 30 mandats, la motion Blum 8 mandants et la motion Longuets 6 mandats. La volonté d’adhérer à la IIIe Internationale l’emporte donc largement au sein des socialistes nivernais.
4 délégués vont donc se rendre à Tours : il s’agit de l’ouvrier vigneron Louis Eloi Bailly et de Beaufrère pour la motion Cachin
Frossard, de Anatole Breuzin pour la motion Longuet et du député Jean Locquin pour la motion Blum.
YES, WE CAN
Le 25 décembre 1920 s’ouvre donc à Tours le Congrès National du Parti Socialiste (S.F.I.O.). Après avoir procédé à l’appel des fédérations, chacune de ces dernières délègue un orateur. Pour la Nièvre, c’est Louis Eloi Bailly qui prend la parole rappelant que, au sujet de l’adhésion à la motion Cachin Frossard, « Le résultat a été obtenu par une campagne menée dans les milieux morvandiaux (…) les paysans soumis aux féodaux de la terre n’ont pas peur de la socialisation ».
Finalement, dans la nuit du 30 décembre 1920, l’adhésion à la IIIe Internationale l’emporte largement par 3252 voix. Il ne reste plus à la S.F.I.O qu’à se reconstruire.
UNE DATE
25-30 décembre 1920
POUR EN SAVOIR PLUS :
Archives Départementales de la Nièvre : Le Socialiste Nivernais (Journal de la Fédération Socialiste de la Nièvre de 1912 à 1920) : en particulier les numéros de décembre 1920
Collectif, Le Congrès de Tours, édition critique, Paris, éditions ouvrières, 1980.
Maitron Jean et Pennetier Claude, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, éditions ouvrières, 1964 – 1993.
Vigreux Jean, Le Congrès de Tours, Editions Universitaires de Dijon, 2020
Par Franck Dupire
Photo Евгений Медведев