TEXTE : EMMANUELLE DE JESUS
A Poil, un duo d’entrepreneurs a lancé sa société de sous-vêtements pour homme et femme : « Au Poil » créé et commercialise sur le net des caleçons et pyjamas pour femme haut de gamme, conçus avec exigence et humour et pour afficher fièrement les couleurs du Morvan.
Vivre dans un patelin au patronyme ridicule, c’est pas tous les jours une sinécure, demandez plutôt aux habitants de Montcuq (oui, ça s’écrit « Montcuq », mais ça se prononce comme Daniel révost dans Le petit rapporteur en 1976, une époque où la télévision n’avait que trois chaînes mais moins de Nabila et plus d’esprit). C’est à Poil – qui dans le genre « lourd à porter » se place un peu là – qu’Audoin, habitant du cru a rencontré Laurent (de Luzy). Ces champions de la résilience et entrepreneurs dans l’âme ont décidé de transformer ce handicap en atout : baptisée « Au Poil », leur société affiche fièrement ses origines.
Avec un nom pareil, « Au Poil » aurait pu commercialiser des rasoirs, des pinceaux ou du lustrant à barbe pour hipsters. Que nenni ! « Au Poil » crée, fabrique et commercialise avant tout des caleçons. Mais attention ! Pas n’importe quel chiffon charcuté à la chaîne en Chine.
Un caleçon « Au Poil » respecte la sémantique et taille ses calbutes comme des costards (coutures latérales, arrêtoirs brodés sur les côtés…) afin qu’ils enveloppent le costume trois pièces sans pocher sous un slim ou serrer la ceinture sous la cote John Deere. Ils se portent donc aux champs ou à la ville sans faire rougir leur propriétaire.
Même Benoît Poelvoorde en a fait la pub, c’est ça la hype !
Fabriqués en Saône-et-Loire, les caleçons d’Audoin et Laurent hissent les couleurs du Morvan : il y a certes des rayures et des pois tendance, mais portés par de francs bleus et verts comme en voient les Charolaises lorsqu’elles baguenaudent dans les pâturages, ou encore des semis de fleurs sur les tissus.
Ecco, si un homme portant un caleçon « Au Poil » propose de vous conter fleurette, cela ne signifie pas qu’il compte vous emmener à Botanic©. (Quoique. Sémantiquement, ça se tient. Et tout le monde sait que pour choper les plus beaux spécimens, c’est pas le physique mais la langue qui compte, voyez donc Gainsbourg. Mais bref.) Comble du raffinement, les caleçons « Au Poil » portent des petits noms : Timothée, Mathieu, Jean, Cyrille ou Victor, on en passe, pour rendre hommage à des habitants du cru ou des copains parisiens du duo de créateurs. Du coup, on peut offrir à son officiel un caleçon portant le prénom d’un fantasme, voire pour les plus coquin(e)s d’entre vous, celui de son amant(e), ce qui fournit un alibi en cas de lapsus. (Non, lapsus n’est pas une pratique sexuelle, même si la phonétique pourrait le laisser supposer. Voyons !) On peut jouer aussi avec les prénoms féminins des pyjamas pour dames également proposés et créés avec la même exigence par le duo Au Poil.
Alors certes, il y aura des irréductibles du slip pour affirmer qu’ils préfèrent avoir leur intimité moulée dans du tissu technique, avec la marque écrit en gros sur la ceinture (le mauvais goût se niche partout). A ceux-là nous rétorquerons que pour la bonne santé de leur patrimoine génétique, mieux vaudrait pourtant que leurs joyeuses respirassent. Qu’on sache, un Depardieu n’aurait
jamais pu demander à Dewaere « si on n’est pas bien là, décontractés du gland ? », les valseuses engoncées dans du Goretex. Et c’est bien un calbute qui vient de gagner Roland-Garros, non ? Donc, on l’aura compris : pour porter haut et fier les couleurs du Morvan, de la Bourgogne, et de la liberté, choisissez le caleçon « Au Poil » !
www.au-poil.fr