Co-fondateur de l’association Forêt Gourmande, qui gère un jardin-forêt à Diconne en Saône-et-Loire, Fabrice Desjours s’est donné pour mission de mieux faire connaître les ressources nourricières de la forêt.
Utiliser les ressources nourricières de la forêt. Waouh ! Bonne idée ! Pourtant, comme le rappelle Fabrice Desjours, co-fondateur de l’association Forêt Gourmande, qui gère un jardin-forêt de 2,5 hectares à Diconne (Saône-et-Loire), cela n’a rien de nouveau. « La forêt nourricière est bien plus ancienne que l’agriculture. Elle a 12 000 ans. Elle renvoie à nos origines de chasseurs-cueilleurs et offre bien plus qu’une alternative quand on sait que les famines sont apparues avec l’agriculture ».
Alors pourquoi ce concept a-t-il disparu en Occident ? : « C’est à la fois historique et politique. Notre histoire agricole n’est pas forestière. Nous sommes une civilisation de l’herbe, pas de l’arbre. Notre agriculture est une agriculture de steppes. Par la colonisation, nous avons exporté ce modèle agraire au détriment des modèles forestiers que nous ne comprenions pas. L’humain n’a pas domestiqué les céréales. C’est même le contraire ! »
Des stages pour apprendre à créer son jardin-forêt
Infirmier sous les tropiques dans un dispensaire de brousse, Fabrice Desjours avait alors été étonné par la capacité des habitants à se nourrir des ressources de la forêt : « En revenant, j’ai voulu développer les jardins-forêts dans les villes et les villages ».
Avec son association, il propose des stages et des ateliers, notamment pour apprendre à créer son jardin-forêt où tout se mange (fruits, noix, épices, plantes aromatiques, baies, feuilles, fleurs…). Le principe : associer arbres, buissons, arbustes, plantes couvre-sol, légumes-racines ou encore lianes « Ce que nous mangeons aujourd’hui est déconnecté de notre alimentation primaire, alors que la forêt offre plusieurs milliers d’espèces comestibles. Redécouvrir la forêt nourricière, c’est aussi accéder à des saveurs et des produits au goût incroyable ! ».
C’est également une manière de cultiver différemment. « La vigne est un bon exemple. On la maîtrise façon bonsaï alors qu’en forêt, elle monte jusqu’à 15 m de hauteur. Elle est plus productive et on utilise les feuilles pour se nourrir. Aujourd’hui, on ne consomme plus de feuilles d’arbres alors que nos grands-parents mangeaient les feuilles de tilleul par exemple. ». Derrière ce concept de forêt gourmande se cache, selon Fabrice Desjours, une solution planétaire pour permettre aux populations à travers le monde de se nourrir convenablement . « Si on veut aider l’Afrique, revenons à son modèle culturel originel qui était bien plus performant », plaide-t-il. L’arbre cacherait-il une forêt de solutions ?
Infos pratiques : La Forêt Gourmande, 21, route des Gautheys, Diconne (Saône-et-Loire). Infos et inscriptions aux stages et aux visites guidées sur foretgourmande.fr (prochaines visites guidées les 14 mai, 29 mai et 12 juin). A voir : la chaîne YouTube Forêt Gourmande. A lire : Jardins-Forêts, un nouvel art de vivre et de produire de Fabrice Desjours (Éditions de Terran).
Antoine Gavory