Au départ, notre ambition était louable, bien qu’un poil hardie : recenser pour vous les “projets structurants”, comme disent les politiques, qui allaient révolutionner la Nièvre. Hélas. Et pourtant on a cherché, parole. Mais à part la LGV, le retour de la F1 à Magny-Cours et la Rn7 à 2 x 2 voies – autant d’Arlésiennes qui font coucou à chaque élection et puis s’en vont – ce fut morne plaine. Nous avons donc transformé la rédaction en laboratoire à idées et imaginé quelques pistes pour mettre (enfin) la Nièvre sur orbite.
Le dispositif “Vieux en vitrine”
Lutter contre la solitude des personnes âgées et conjointement la prolifération des espaces commerciaux vides dans un esprit interactif, c’est toute l’ambition du programme Vieux en vitrine. Phase 1 : les locaux vacants sont réaménagés en appartements (prévoir un espace suffisant pour les lits médicalisés) avec tout le confort. Phase 2 : des seniors y sont installés pour vivre 24h/24 (avec une veilleuse pour les temps de sommeil, sachant qu’un vieux dort mal la nuit et s’assoupit le jour). La surveillance est assurée par les passants, les commerçants installés en face, les SDF et les oisifs qui n’ont que ça à faire etc. En cas d’urgence, un bouton posé à l’extérieur de la vitrine permet d’alerter les secours.
Outre les objectifs détaillés plus haut, Vieux en vitrine a une portée didactique (la réalité de la vieillesse est exposée sans tabou), génère du lien social et créé de l’emploi puisqu’une escouade “d’auxiliaires de vitres” (afin de garder celles-ci propres pour une vision parfaite) devra être mise sur pied. Une captation audiovisuelle des moments forts (intervention des pompiers lors de malaises sans gravité, phases émotionnelles pendant Les Feux de l’Amour, réaction à chaud après un 13 h de TF1, visite de la famille…) pourra être réalisée par les jeunes de la section cinéma du lycée Alain-Colas. Bref : pédagogique, économiquement viable, humaniste avec une pointe de modernité, le dispositif Vieux en vitrine a tout bon !
Squash & Splash à La Jonction
Le sujet est douloureux : l’ex-piscine de La Jonction et toutes ses promesses de fun (une patinoire ! un fast-food !) qui pourrissent en attendant des jours meilleurs, c’est fort triste. Mais grâce aux sternes, voici enfin un avenir pour cet équipement. Les sternes ? Des oiseaux que personne ne voit sinon les écolos, vu que ces bestioles protégées nichent sur une petite île, protégée elle aussi, au milieu de la Loire.
Mais un sanctuaire naturel dans une Loire bétonnée n’a plus de raison d’être, pas plus que les sternes. Nous préconisons donc : 1) de couvrir la piscine d’un filet. 2) de capturer les sternes et d’en remplir la piscine, transformée en volière géante. Pour mettre un peu d’ambiance, ouvrir La Jonction à la saison des poussins sternes à des joueurs de squash. Normalement, il devrait y avoir une vraie hécatombe. Une version locale amusante des chasseurs de palombes : #fierténivernaise.
Troc en stock
Nevers a lancé depuis peu ses « boîtes à livres ». L’idée ? Déposer dans ces boîtes des ouvrages que l’on ne souhaite plus conserver à l’attention de passants-lecteurs qui, à leur tour, pourront déposer des ouvrages que… etc. Le concept est génial mais pourquoi se contenter de livres ? Voyons grand ! Et passons au « conteneur à troc » dans lequel on dépose les trucs dont on ne veut plus dans l’espoir qu’ils feront le bonheur d’autrui et cela sans passer par la case « e-bay » ou « Le bon coin », ces repaires d’escrocs et de radins.
Bibelots, meubles, fringues, évidemment mais aussi – et c’est là la petite révolution – organismes vivants. Poissons rouges (dans leurs aquariums), chatons en surnombre (c’est la saison), gosse à charge dont l’âge avancé ne donne plus droit aux allocations familiales… Hop ! Au conteneur. C’est bien le diable si un gamin en mal d’affection ne tombe pas sous le charme de Bubulle ou Minou, ou qu’une couguar de passage à Nevers ne s’entiche pas de votre jeune adulte qui ne fout rien à part vider le frigo et vous refiler son linge puant. Le troc, en plus de son petit côté bobo, échappe totalement à la fiscalité et vous offre un vernis généreux et humaniste de bon aloi. Si les politiques ne nous piquent pas l’idée pour les prochaines élections, c’est qu’on l’aura déposée au conteneur avant.
Nevers, senior and the city
Suite logique du dispositif Vieux en vitrine, Nevers peut décrocher le label « Cité sénescence » (comprendre : Ville de Vieux), mettant à l’honneur les villes qui se démènent pour les seniors en particulier dans le domaine du tourisme. Certes le cahier des charges est un peu lourd : les rues doivent être accessibles aux déambulateurs, les visites des monuments en audio-guidage compatibles avec toutes les marques de sonotones et il faudra tripler le nombre de WC publics.
A noter que les communes labellisées Cité sénescence peuvent percevoir une subvention assez élevée pour équiper le centre-ville afin de diffuser de la musique (un quota de 45% de Franck Mickaël et Frédéric François doit être respecté). Le pack comprend aussi la visite de Michel Drucker, qui devient automatiquement citoyen d’honneur et en fait mention lors de la diffusion de Vivement dimanche, son show sur France 2.
Votez Charolais !
Marre des élections locales dopées au Lexomil ? Nous aussi ! Voilà pourquoi on a imaginé un nouveau mode de scrutin, bien plus fort en adrénaline et qui utilise deux ressources nivernaises : Magny-Cours et le Charolais. Exit les urnes, bienvenue à la course de chars à bœufs !
Imaginez : les candidat(e)s, emballé(e)s dans des toges façon Ben-Hur, zigzaguant entre les bouses sur le circuit, au rythme d’un couple de bons gros bœufs étrillés comme pour le Salon de l’Agriculture !
Ça a quand même plus de tenue qu’un bête isoloir et sa litanie de « A voté », non ? En plus, après proclamation des résultats et échange de biftons (ben oui, qui dit course, et électorale en plus, dit paris et bookmakeurs), la soirée se poursuit en barbecue puisque les perdants (les bovidés s’entend) sont servis à la foule qui s’est déplacée en masse pour soutenir ses champions. Imparable pour lutter contre l’abstention, avec de surcroît un délicat parfum de terroir antique… Aux prochaines élections, c’est décidé : Votez Charolais !
Bétonner la Loire
A part délimiter une balade bêtement linéaire pour digérer les flageolets le dimanche, vidanger le chien ou faire prendre l’air à son justaucorps anti-capitons lors d’un triste running, la Loire à Nevers ne sert à rien. Sauf à inspirer LE projet qui fera parler du département bien au-delà de la Bourgogne :
la bétonner. Pour quoi faire ? On n’en sait rien. Et on s’en fout. On trouvera bien. L’important c’est que ça fasse du buzz.
Et un ballet de camions, bennes, bétonnières, un désastre écologique au service d’un bénéfice économique discutable voire nul, quelques excités “pro” et “anti” avec des forces de l’ordre au milieu, on n’a encore pas trouvé mieux. La Nièvre mérite son Sivens et son Notre-Dame-des-Landes !
Mondial de l’échangisme
Si l’idée de troc vous emballe, vous ne manquerez pas d’adhérer au concept plébiscité à la rédaction : la tenue (si l’on peut dire) à Nevers du Mondial de l’échangisme. Imaginez… Le centre expo de Nevers entièrement dédié aux transports (amoureux) en commun avec stands de lingerie, alcôves pour faciliter les rencontres et accessoires variés. Des conférences (« Fidélité et échangisme » « Gestion de la nudité quand on est mal foutu »), un invité d’honneur (DSK ?)…
Le soir, des navettes feront du va-et-vient entre le centre expo et le centre-ville où les restaurants et les hôtels proposeront des menus et des chambres dédiés. Point d’orgue : la nocturne du samedi soir sous chapiteau devant le Palais Bu…Ducal, avec prêt de loups pour les personnalités qui ne souhaitent pas être reluquées au-delà de la lèvre supérieure. Explosion du secteur de l’hôtellerie en vue et notoriété mondiale assurée.
Des épées pour la Police municipale
D’ailleurs, en parlant de renommée, qu’est-ce qui, à part Bernadette et le Palais Ducal, assure à notre bonne capitale départementale son aura ? La « Botte de Nevers », pardi, cette estocade par laquelle Philippe de Nevers se défait de tous ses ennemis (pour ceux qui n’ont rien compris, il y a sûrement le roman Le Bossu en prêt à la médiathèque).
Or de nos jours, qui sont les « gens d’armes » assermentés ?
Les policiers municipaux ! Vous nous suivez ?
Quitte à les armer, est-ce que ça n’aurait pas une vraie gueule de voir les gardiens de l’ordre municipal en train de patrouiller l’épée au côté plutôt que d’arborer un vulgaire 7.65 comme sur une affiche
biterroise (1) ?
(1) A Béziers, les policiers municipaux sont désormais équipés de revolvers. Une campagne d’affichage musclée s’est chargée de diffuser l’information.
Ressusciter Bernadette
En ce moment des chercheurs farfouillent les restes décongelés (gare à la Salmonelle !) de mammouth laineux dans l’espoir ténu de dénicher de l’ADN intact et faire revivre ce pachyderme disparu il y a 10 000 ans avant J-C. Et ils vont en faire quoi, après, de leur boule de poils ? La tondre et refiler la laine à Phildar ?
Alors qu’à Nevers, de l’ADN intact on en a plein Sainte-Bernadette ! Protégé par une fine couche de cire, comme un Babybel ! Certes, elle n’appréciera pas tellement – elle a quand même passé sa vie à éviter les tripotages – mais quitte à jouer les apprentis sorciers, autant le faire pour ressusciter une des rares personnes sur Terre qui puisse répondre sans mentir : « Ben oui » à la question : « T’as vu la Vierge ? » En plus, elle pourra enfin mettre un terme à la controverse et dire où elle veut crécher, nom de… d’un petit bonhomme : à Lourdes, théâtre de ses visions, ou à Nevers où elle a fini ses jours ? Si ensuite, elle veut qu’on la rendorme, no problème : la loi sur la fin de vie et l’autorisation de « sédation profonde » vient d’être adoptée en première lecture par les Députés (on voit mal comment les Sénateurs, qui la pratiquent à longueur d’année en hémicycle pourraient être contre). Quant à Dumbo, il peut retourner au freezer.
ET POUR FINIR…
On ne doute pas que cette lecture suscitera pas mal de réactions, y compris courroucées. Mais avant de nous agonir de mails hargneux, dites-vous bien que tout cela est à prendre au second, voire au troisième degré, bref, que C’EST UNE BLAGUE !
La Nièvre, on l’aime d’amour (la preuve, on y vit) et on ne doute pas qu’elle a beaucoup, beaucoup d’humour…