Fondée par deux amis, la marque de vêtements Losanje a installé son atelier de confection à Nevers et s’appuie sur des stocks inutilisés pour créer de nouvelles collections.
Demander à Simon Peyronnaud et Mathieu Khouri s’ils ont des ambitions serait comme demander à un aveugle s’il veut recouvrer la vue. Amis depuis le collège, ils ont étudié ensemble, grandes écoles comprises, avant de devenir colocataires et de réfléchir à une idée d’entreprise commune. Simon se passionne pour la mode, mais il tient à protéger la planète. Lorsqu’il soumet à Mathieu l’idée d’une marque de vêtements écoresponsable, celui-ci n’hésite pas longtemps. Le projet « Losanje » est né. Et il se veut plutôt original dans la jungle qu’est devenue l’écoresponsabilité.
« Il y a plusieurs voies possibles que nous ne souhaitions pas prendre. Le bio n’est pas toujours écoresponsable, tout comme le recyclage des fibres des vêtements, qui utilise des machines énergivores, explique Simon. Quant à la seconde main, elle ne représente que 1 % des vêtements, le reste est jeté ». Pour les fondateurs de Losanje, la « quatrième voie » serait de se tourner vers ces 99 % restants en choisissant le surcyclage – appelé aussi upcycling – de stocks inutilisés. « Le surcyclage permet une revalorisation des vêtements. Les pièces sont récupérées, souvent chez des grossistes de seconde main ou dans des stocks inutilisés, puis elles sont redécoupées ici à Nevers et assemblées pour confectionner de nouveaux vêtements, à Nevers, en Île-de-France et en Côte d’Or », détaille Simon.
Des ciseaux et des idées
Leur atelier, installé dans un ancien garage à Nevers, est comme on en rêve : un fond de musique douce, une vue sur un jardin ensoleillé, et le cliquetis des ciseaux des cinq ou six couturières présentes. Ensemble, elles découpent de grands sweat-shirts gris selon des patrons géométriques. Aucune grosse machine n’est utilisée, uniquement des mains délicates.
« Tout a basculé quand Clémence, styliste, nous a rejoints, puis Capucine. Elles créent nos collections », indique Simon. Pour cela, il s’agit de dénicher des stocks de vêtements aux couleurs et aux matières plus ou moins identiques. « Ce n’est pas toujours évident pour nos stylistes de composer avec ces contraintes, mais c’est passionnant », relève le jeune entrepreneur. S’il est trop tôt pour juger du succès de la marque, quelques voyants sont au vert : deux influenceurs ont déjà mis en avant leurs modèles sur le Net et une boutique éphémère parisienne devrait bientôt ouvrir ses portes. Pourquoi « Losanje » ? « J’aimais bien la sonorité », répond Simon. Une marque qui va en tous cas permettre à la mode de tourner plus rond.
Infos pratiques : plus d’infos sur losanje.com
Virginie Jannière