Ferme municipale, local qui regroupe les producteurs locaux et même bientôt un hôpital de proximité… Le village de Luzy dans le Morvan fait en sorte depuis 2014 de s’appuyer sur les énergies locales. Jusqu’à parvenir à attirer de nouveaux habitants.
Qui l’eût cru ? À l’heure où la campagne se désertifie, le petit bourg de Luzy fait office d’exception remarquable. Avec ses 2 200 habitants, la commune est parvenue depuis 2020 à attirer 104 nouveaux propriétaires en misant sur une politique qui privilégie l’environnement et la proximité.
Jocelyne Guérin, maire depuis 2014, se félicite : « Nous avons compris avant tout le monde les enjeux environnementaux actuels ! » Jean-François Théveniaud, deuxième adjoint chargé du patrimoine, du tourisme et de la culture, lui, reste pragmatique : « Je suis l’élu du passé, de l’histoire. C’est parce que nous retrouvons le modèle du bourg d’avant que cela fonctionne ». Passé mais pas passéiste : c’est grâce au modèle « d’avant » que Luzy parvient aujourd’hui à construire un avenir qui privilégie les circuits courts et la recentralisation des activités dans le bourg. La formule fonctionne : 40 commerces, 60 entreprises, une piscine municipale ont vu le jour et, dans quelques mois, un nouvel hôpital de proximité.
Un ferme municipale de 55 hectares
Parmi les projets novateurs : une ferme municipale, la troisième en France. « La mairie est propriétaire d’une ferme de 55 hectares depuis 30 ans. Après des projets qui n’ont pas abouti, nous avons eu cette idée », indique Jocelyne Guérin. Le concept est simple : mettre le foncier à la disposition de porteurs de projets, et installer dans le corps de ferme du matériel mutualisé. L’objectif : fournir les cantines des écoles et du collège avec des produits 100 % locaux, en complément des producteurs.
Là aussi, Luzy ne manque pas de ressources. Au sein du Local paysan, ouvert les mercredis, vendredis et samedis, 34 producteurs ont ouvert un commerce qui embauche aujourd’hui son premier salarié. Quant à Nature et Régions, une entreprise qui expédie la viande charolaise à travers la France, elle n’en finit pas de grandir et se tourne aujourd’hui vers les produits transformés. « Les 60 projets conçus avec les habitants font partie d’un programme que nous avons initié depuis longtemps, ajoute la maire. Nous sommes conscients que Luzy est un bassin économique entre Autun et Decize. »
2 millions d’euros de budget à l’année
Ce modèle de démocratie participative s’organise à tous les échelons. Dernier exemple en date : l’ancien marché qui devait être détruit. Sa façade 1930 a coupé Luzy en deux : d’un côté, les anciens habitants, partisans de la conservation ; de l’autre, les nouveaux, partisans de la destruction pour donner accès à la campagne. « Nous allons garder la façade mais ouvrir le marché vers la campagne, confie Jocelyne Guérin. Il sera le symbole de Luzy : une ville à la campagne, et un lieu de rendez-vous et de promenade. »
Alors, comment une ville de 2 200 habitants, avec 2 millions d’euros de budget, peut-elle se permettre tant de folies ? Grâce à une politique d’investissement. Avec une grande campagne de rénovation, la centralisation dans le bourg de services jadis éparpillés à l’extérieur et une politique de valorisation de l’économie locale, Jean-François Théveniaud estime que les habitants ont « retrouvé le goût des petits commerces ». Et le chemin de Luzy… Depuis 2020, le village a accueilli plusieurs dizaines de familles de grandes villes françaises. Conséquences : Luzy n’a plus de maisons en ruine et l’école accueillera à la rentrée une vingtaine de nouveaux élèves.
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