Alors que depuis 1950 la Bourgogne a vu disparaître 40 % de ses haies en bordure de champs, un mouvement de replantation s’est engagé afin à la fois de préserver le paysage et de favoriser les espaces favorables à la biodiversité.
« C’est juste du bon sens paysan », explique humblement l’agriculteur Fréderic Debacker à propos de son projet de replanter 12 kilomètres de haies sur son exploitation à Diennes-Aubigny, au nord de Decize. S’il se réjouit d’entretenir le territoire et de redessiner le paysage « à la manière d’un artiste peintre », l’homme souhaite surtout offrir un avenir durable à son exploitation, en proie au réchauffement climatique.
Depuis 1950, 40 % des haies ont disparu en Bourgogne, note Perrine Lair, chargée de mission du réseau Bocag’haies auprès de l’Agence régionale pour l’environnement Alterre. « On emprunte la terre à nos enfants », aime rappeler de son côté Fréderic Debacker. Contre la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, planter des haies bocagères constituent une réponse naturelle et forment un cercle vertueux : elles maintiennent la fraîcheur pendant l’été et à partir de l’automne, font office d’abri pour le bétail. Refuges pour les prédateurs des insectes, elles permettent de protéger les animaux ainsi que les plantes de certaines maladies, limitant l’usage des insecticides sur les cultures.
Des plantations participatives
Et ce n’est pas tout. Elles font office de barrières pour éviter la dispersion des produits phytosanitaires, contribuent à limiter l’érosion des sols en filtrant l’eau grâce aux racines et servent de repaire aux abeilles, championnes de la pollinisation. Enfin, « un kilomètre de haies piège entre 5 et 9 tonnes de carbone », souligne Frédéric Debacker, qui invite sur Facebook (@Fred Dbk) tous ceux qui le souhaitent à venir l’aider à planter des haies à l’automne 2022.
Une démarche qui bénéficie du soutien de l’Etat. Dans le cadre du Plan de relance, le programme “Plantons des haies” coordonne et finance la plantation de 400 km de haies et d’arbres en Bourgogne – Franche-Comté. Cerise sur l’agro-gâteau, les agriculteurs bénéficient en prime de conseils et d’un suivi. « Il n’y a vraiment pas de quoi hésiter », insiste Perrine Lair. Les demandes sont déjà nombreuses, signe que les choses bougent malgré les 11 500 kilomètres de haies arrachées chaque année en France.
Plus d’infos sur alterrebourgognefranchecomte.org
Virginie Jannière