Alors que le film Un p’tit truc en plus sur le handicap est devenu un des dix plus gros succès du cinéma français avec plus de 10 millions de spectateurs, le nouveau restaurant neversois Le Bouillon Colbert, ouvert en octobre dernier et dont l’équipe est principalement composée de personnes en situation de handicap, espère connaître le même succès. Koikispass s’y est attablé.
PARTENARIAT
En partenariat avec l’Adapei de la Nièvre, Koikispass vous fait voir le handicap autrement
Il n’a ouvert que depuis le mois dernier et pourtant il affiche déjà complet quasiment à chaque service. Le Bouillon Colbert, situé avenue Colbert à Nevers, est un restaurant d’apparence comme les autres, à ceci près qu’il emploie des personnes en situation de handicap.
En ce mardi midi, je découvre une grande salle au décor rétro et raffi né dans le style années 30. L’ambiance est feutrée et chaleureuse sur fond de musique jazzy. Une vingtaine de personnes ont déjà pris place déclenchant le ballet des serveurs.
A la carte, uniquement des produits frais, locaux et de saison. Tout paraît très alléchant jusqu’aux prix plus que corrects. Les entrées vont de 4,60 € à 11,90 € pour une douzaine d’escargots de Bourgogne Label Rouge. Le suprême de volaille cuit à basse température avec sa polenta gratinée et sa crème de champignons s’affiche quant à lui à 13,80 € tandis que la pièce du boucher grillée, pommes au four et crème aux herbes est à 16,80 €. Et le menu enfants n’excède pas 10 € pour 2 plats.
Des œufs en meurette qui en mettent plein les mirettes
J’opte pour commencer pour les poireaux en vinaigrette et mimosa tandis que mes voisins de table ne tarissent pas d’éloges sur les oeufs en meurette. “Les meilleurs que l’on ait mangés depuis longtemps”, affirment Arlette et son mari Robert venus de Chevenon avec leurs amis Yves et Frédérique. Cette dernière apprécie “à la fois de soutenir les personnes qui souffrent de handicaps tout en goûtant à une cuisine élaborée par deux chefs des Toques Nivernaises”.
J’enchaîne avec un délicieux pavé de cabillaud en croûte de chorizo sur son lit de risotto crémeux accompagné de carottes et de brocolis glacés. Pour terminer, je ne résiste pas à la spécialité du Bouillon Colbert : le Paris-Nevers, une référence au célèbre Paris-Brest avec un chou rempli d’une crème vanillée mousseuse à souhait et parsemé d’éclats de nougatines de Nevers. Décidément, tout est bon dans le Bouillon.
Trois questions à Corinne Charbonnier, présidente de l’Adapei de la Nièvre et à l’origine du Bouillon Colbert
Quelle est la vocation du Bouillon Colbert ?
Corinne Charbonnier : L’idée est d’offrir aux personnes en situation de handicap un parcours de vie où elles vont pouvoir travailler et s’épanouir dans un cadre sécurisant, bienveillant et protecteur. Le restaurant est ouvert à tous, y compris aux personnes qui ont du mal à déglutir grâce à nos plats hachésmixés. Nous avons également aménagé le restaurant en apportant un soin particulier à l’acoustique pour les personnes hypersensibles. L’équipe est composée de quatorze salariés dont dix ayant un handicap reconnu. On tient compte des particularités de chacun. Nous voulons que les gens nous identifient comme Bouillon Colbert et non comme un restaurant inclusif.
Comment fonctionne le Bouillon Colbert ?
Nous sommes une entreprise privée. Notre objectif n’est pas forcément de faire des bénéfices mais d’équilibrer notre budget afin de permettre à des personnes en situation de handicap de travailler et leur assurer une réelle qualité de vie. C’est pourquoi nous ne serons pas ouverts les week-ends ni pour les fêtes. Nous avons une capacité de 50 couverts avec une terrasse pour les beaux jours. Nous disposons également d’une salle privative pour douze personnes.
Pourquoi ce nom Bouillon Colbert ?
Cela fait référence aux bouillons parisiens de la fin du XIXe siècle où les ouvriers pouvaient manger quelque chose de chaud à un prix très modique. Ici, nous offrons une cuisine de qualité à base de produits frais et locaux où tout est fait maison à des prix abordables. Nos deux chefs sont membres des «Toques Nivernaises». Le chef Olivier Charbonnier a tenu La Cour Saint-Etienne à Nevers et son second, Noël Lantier, le restaurant neversois Ô Puits.
Isabelle Dany
Infos pratiques : restaurant Le Bouillon Colbert, 9, avenue Colbert, Nevers. Ouvert du lundi au vendredi de 11 h 45 à 13 h 45, les jeudis et vendredis soirs de 19 h à 21 h. Tél. : 03 92 03 00 86