En octobre 2021, après deux ans de travaux et moult péripéties, le Café Charbon à Nevers rouvrait enfin ses portes et accueillait ses premiers spectateurs. Un anniversaire qui est aussi l’occasion de faire un premier bilan avec son directeur Ludovic Renaux.
À l’issue de cette première année, qu’en est-il de la fréquentation ?
Ludovic Renaux : Sur les 12 derniers mois, nous avons atteint 75 % de la jauge des deux salles, celle de 500 places et la « club » de 150 places. C’est au-delà de nos espérances ! On sortait du covid, alors on s’interrogeait un peu sur le retour des spectateurs. On craignait que les gens aient perdu l’habitude du spectacle vivant et se soient reportés sur les offres alternatives. Surtout chez les jeunes dont la pratique a largement évolué vers le streaming par exemple.
Comment avez-vous fait pour attirer les jeunes et les décrocher de leurs écrans ?
On a bâti la programmation en tenant compte de ces nouvelles pratiques avec des artistes qui avaient émergé sur le Web. On a joué notre rôle en accompagnant les artistes des écrans à la scène pour passer du spectacle en ligne au spectacle vivant.
Est-ce que le spectacle dématérialisé, grâce au streaming et aux plateformes comme YouTube, va changer votre façon de faire ?
En tous cas, avant le covid, c’était beaucoup moins fréquent. Après, c’est une réalité. Notre rôle est de soutenir et faire connaître les musiques actuelles. Notre mission ne change pas, mais c’est un nouveau public et on doit en tenir compte. 80 % des jeunes qui sont venus cette année n’avaient jamais assisté à un spectacle !
Depuis sa création, le Café Charbon est passé d’un lieu improvisé au rôle de poumon du spectacle vivant. Est-ce que le public a suivi ?
Le public se renouvelle et ça a été particulièrement le cas cette année. C’est l’effet nouveau lieu, mais il y a aussi un public plus ancien qui revient. Entre ce qu’était le Café Charbon il y a encore 15 ans et aujourd’hui, cela n’a plus rien à voir. Aujourd’hui nous ne sommes plus limités par le lieu. Nous avons un outil au top avec une équipe technique d’enfer, dirigée par Grégory Cordina, le régisseur historique. On peut tout imaginer !
N’avez-vous pas peur que le Café Charbon perde son âme et, pour des raisons économiques, devienne avant tout un lieu de grands spectacles ?
Non. D’une part parce que nous n’avons pas atteint la programmation de croisière ; d’autre part et surtout parce que le lieu est bâti autour de la musique actuelle, traditionnelle, et des groupes locaux. C’est notre ADN. Par exemple, les créneaux de répétition leur sont prioritaires.
Que manque-t-il aujourd’hui ?
Du personnel. Nous sommes quatre plus un apprenti, mais nous peinons à recruter un chargé de com. Nous allons développer en 2023 les interventions scolaires, les master class, les partenariats avec le conservatoire. Puis nous allons déposer le dossier pour être labellisé SMAC (scène de musique actuelle). On avance. De plus, nous pouvons nous appuyer sur de nombreux bénévoles sans qui le Café Charbon n’aurait jamais existé et n’existerait plus.
Infos pratiques : Café Charbon, 10, rue Mademoiselle-Bourgeois, Nevers. Infos et réservations sur cafe-charbon-nevers.com
Propos recueillis par Antoine Gavory