Située au cœur de la forêt de Tronçais, la ferme permacole de La P’Thite Marmande, tenue par Maëlys et Vivien, fait aussi office de gîte et de camping. Journaliste pour Koikispass, Virginie Jannière y a séjourné le temps d’une nuit.
Je l’avoue, je ne fais pas partie de celles qui adorent dormir dans les lieux isolés. Or, il faut s’enfoncer assez loin dans la forêt pour parvenir jusqu’à La P’Thite Marmande. N’y voyez pas de faute d’orthographe : le nom du domaine vient du ruisseau du Thiolais qui alimente l’étang et la rivière Marmande toute proche. Dès mon arrivée, la dynamique Maëlys me fait faire le tour du propriétaire, ou en tout cas une partie – le domaine s’étend sur 11 hectares : d’abord le camping, vide en cette saison, puis le gîte, et enfin une charmante maisonnette avec terrasse et jardin.
Décoré avec soin et très bien équipé, le gîte de la ferme permacole est conçu pour une semaine en famille. Mon hôtesse tient rapidement à me montrer qu’ici on respecte la nature, des poubelles de tri au bac à compost en passant par la récupération des eaux de pluie, jusqu’à l’isolation de la maison réalisée en ouate de cellulose.
L’art de la permaculture
Maëlys est animatrice nature. Quand elle ne s’occupe pas de groupes de visiteurs, elle accueille ses hôtes au gîte et au camping. Vivien, lui, cultive leurs légumes, en vente directe à la ferme permacole. Au milieu de ses plantations, il m’explique les bases de la permaculture : la terre utilisée, le choix des emplacements des plantations, l’art et la manière de bien utiliser les dénivelés ainsi que le renfort des « wwoofeurs » [réseau de volontaires dans les fermes bios et paysannes, Ndlr].
Nous nous promenons entre les dernières tomates qui côtoient poireaux, oignons, épinards et blettes. J’apprends à quel point les différents plants se protègent entre eux des nuisibles, aidés par certains insectes et par les hérissons, notamment.
Formation continue
Quelques poules se promènent derrière un grillage. Me voyant étonnée, Maëlys m’explique : « Le grillage, c’est pour empêcher les renards de les manger. Ils se sont déjà servis ! » On aime la nature, moins l’appétit du goupil. Au bout du pré, quelques brebis paissent. La ferme permacole produit-elle aussi du fromage ? « Non, les brebis remplacent juste la tondeuse à gazon », rit Maëlys alors que Vivien enchaîne : « On se sert aussi de la laine comme paillage pour les plantations. Une sorte de pull pour la terre ! » Suis-je donc tombée chez des sortes de magiciens new age ? En réalité, la jeune femme m’explique que ces astuces sont le résultat de longues heures à éplucher des livres, se former, essayer, échouer. Je les imagine volontiers plongés dans d’épais grimoires.
Maëlys me promet la venue d’un invité de choix ce soir : « En ce moment, il n’y a pas une nuit sans qu’on entende le cerf bramer. Il passe souvent juste non loin de la maison ou dans le sous-bois, près de l’étang ». Le soleil décroît, la visite de l’étang sera pour demain. Peu de temps après, j’entends le brame profond du fameux roi de la forêt. Moi qui appréhendais de me sentir isolée…
Féerie du matin
Aux premiers rayons du soleil, l’envie d’aller voir le fameux étang me pousse hors du lit. Il faut pour cela descendre le pré, marcher quelques minutes dans le sous-bois encore engourdi par le froid matinal. Sous les grands chênes, j’entends un gros animal marcher à quelques mètres mais mon regard est happé par une vision féerique : l’étang, miroir d’eau plongé dans la brume matinale. Hypnotisée, j’ai dû mal à quitter les lieux. Et la peur de la forêt dans tout ça ? Oubliée. Sans doute encore un coup des magiciens
Infos pratiques : La P’thite Marmande, lieu-dit La Soulice à Cérilly (03). Tarifs du gîte : 75,70 € la nuit puis tarifs dégressifs selon le nombre de nuits passées. Plus d’infos sur lapthitemarmande.fr ou au 07 69 67 37 32
Virginie Jannière