Surnommée « reine des villes d’eaux » et inscrite depuis 2021 au patrimoine mondial de l’UNESCO comme l’une des 11 « grandes villes d’eau » d’Europe, la ville de Vichy est intimement liée au thermalisme. Responsable du service de l’Inventaire du patrimoine culturel de la région Auvergne- Rhône-Alpes et coautrice de Vichy, Ville d’eaux, Delphine Renault en a conté l’histoire à Koikispass.
À quand l’implantation du thermalisme à Vichy remonte-t-elle ?
Delphine Renault : Nous en trouvons des traces dès l’Antiquité. Des recherches archéologiques attestent que, au VIIIe siècle, des moniales, ces religieuses vivant dans des monastères, pratiquaient déjà le thermalisme.
Comment Vichy s’est-elle imposée comme « reine des villes d’eaux » ?
Au début du XVIIIe siècle, Vichy est la ville de prédilection de la cour de Louis XIV. Mais, en réalité, c’est Madame de Sévigné, venue à Vichy en 1676, qui contribue largement à la bonne réputation de la station thermale. Dans des lettres à sa fille, ensuite publiées, elle y raconte son quotidien de curiste. C’est donc l’aristocratie qui lance la mode des villégiatures balnéaires et thermales.
Quand situez-vous l’âge d’or du thermalisme ?
Clairement, au début du XXe siècle. L’arrivée du train fait exploser l’attractivité touristique et thermale de Vichy. La fréquentation de la ville pendant les périodes de cures, entre mai et octobre, s’élève à 100 000 curistes ! On y vient d’ailleurs aussi pour son bon air, ses parcs et son bien-être.
La dimension touristique existe-t-elle déjà au XIXe siècle ?
Les médecins de cette époque préconisent souvent des cures d’air pour prolonger les bienfaits des cures thermales. Les circuits de promenade s’étendent alors en dehors de la ville grâce au train, puis à la voiture. L’aménagement des berges de l’Allier par Napoléon III permet la création d’un golf, d’un hippodrome et de terrains de tennis. Dès les années 1920, des concours de natation ont lieu dans l’Allier. Avant le déclin du thermalisme dans les années 1930, beaucoup de bâtiments sortent de terre : le magnifique casino opéra de la ville (l’actuel Palais des congrès), le grand établissement thermal avec son superbe dôme oriental sauvé in extremis de la destruction, ou encore la galerie couverte pour se protéger des intempéries et du soleil.
Le curiste n’a pas forcément une image très jeune. Est-ce qu’aujourd’hui Vichy voit sa fréquentation touristique évoluer ?
Avec le réchauffement climatique, la Covid ou encore les méthodes de travail, de plus en plus de citadins étouffent dans les villes. Vichy a su se diversifier par rapport à d’autres villes thermales grâce notamment à son offre de manifestations sportives. La reconnaissance de l’UNESCO booste aussi certainement la ville pour entreprendre des rénovations et des aménagements paysagers. Le public ne s’y trompe pas.
Infos pratiques : Vichy, Ville d’eaux, sous la direction de Delphine Renault, Éd. Lieux dits (2019). Plus d’infos sur lieuxdits.fr
Encadré : Nos conseils pour organiser votre séjour à Vichy
La SNCF propose 11 trajets Nevers-Vichy chaque jour. Durée du voyage : un peu plus d’une heure. Sur place, l’offre hôtelière est vaste. Pour un budget raisonnable, on peut descendre dans le confortable Hôtel des Nations installé dans un joli bâtiment de la fin du XIXe siècle. Au cœur de Vichy, il est idéalement placé près des berges du lac d’Allier. Enfin, si vous souhaitez en apprendre plus sur l’histoire de Vichy, vous pouvez opter pour l’une des nombreuses visites guidées proposées par l’office de tourisme de Vichy comme celle consacrée aux belles villas ou celle qui revient sur 2000 ans de thermalisme.
Infos pratiques : Nevers – Vichy en train : à partir de 15,50 € l’aller. Hôtel des Nations, 13, boulevard de Russie, Vichy (Allier). Tarif : à partir de 83 € la chambre double. Tél : 04 70 98 21 63. Plus de renseignements sur hotel-lesnations.com. Les visites de l’office de tourisme de Vichy sont à retrouver sur vichymonamour.fr
Virginie Jannière