Le vélo, nouveau moteur des centres-villes ?

vélo à nevers
La piste cyclable de l’avenue Pierre Bérégovoy à Nevers / Photo par Romain Liger pour Koikispass

Avec le Covid, l’usage du vélo a augmenté de 30% en ville. Mais peut-il aider pour autant à redynamiser les centres-villes ? Koikispass a posé la question à Olivier Razemon, journaliste et auteur des livres le Pouvoir de la pédale et Chronique impatiente de la mobilité quotidienne, et André Fourcade, président de Zig Zag, association de promotion des transports doux dans l’agglomération de Nevers, et représentant local de la Fédération des Usagers de la Bicyclette.

Comment le vélo peut-il revitaliser les villes moyennes ?

Olivier Razemon : Il faut déjà parler de la dévitalisation générale. La ville moyenne d’aujourd’hui, ce sont des commerces vides en centre-ville au profit des zones commerciales extérieures. Le tout-voiture est délétère. On imagine que faire partir la voiture des centres-villes est dangereux alors que c’est le contraire. Les mobilités douces (marche, vélo…) sont des atouts pour le développement, mais les maires ne s’en rendent pas toujours compte.

André Fourcade : Effectivement, il faut savoir pourquoi nous en sommes là. À la CDAC (Commission départementale d’aménagement commercial), je vois passer des extensions de supermarchés. C’est une spirale folle qui nuit au développement du centre à Nevers où la population baisse. Il faut changer la représentation qu’on a de la ville.

Les mobilités douces peuvent-elles constituer un atout véritable en termes d’attractivité ?

André Fourcade : Oui si on remet en place un système qui prend en compte le vélo. En France, nous investissons peu par rapport à d’autres pays et la transition est compliquée. Développer le vélo, c’est notamment prévoir des infrastructures : arceaux, garages, abris, pistes sécurisées… Le commerce peut y gagner : les cyclistes sont des clients réguliers qui dépensent plus que les automobilistes.

Olivier Razemon : Il ne suffit pas de mettre des vélos pour dynamiser la ville. Et personne ne dit qu’il faut interdire la voiture. Aujourd’hui, il existe un réflexe pavlovien qui veut que tout le monde puisse venir en voiture. Or les études montrent que dans une ville moyenne, la majorité des gens se déplace à pied. Faire 500 m en voiture, à un moment, il faut que ce soit rendu compliqué, mais cela doit s’accompagner en parallèle d’une meilleure compréhension de la ville en indiquant les parkings, les distances, le nombre de places.

Comment changer les mentalités ?

Olivier Razemon : Il ne faut pas opposer les modes de transport ni les usagers. Le vélo est souvent perçu comme un loisir ou un outil touristique, mais pas comme moyen de locomotion. Avec la guerre en Ukraine et l’explosion du prix des énergies, on va sans doute assister à une évolution.

André Fourcade : Le vélo représente aujourd’hui 3% des déplacements. Comment augmenter cette part ? En offrant le choix et les infrastructures. Il faut que le vélo soit ressenti comme un mode de transport sûr, agréable, économique et bénéfique ; et que les villes démontrent leur capacité d’accueil des cyclistes.

Par exemple, ce pourrait être via la création à Nevers d’une liaison avec la véloroute de la Loire à vélo afin d’attirer des cyclotouristes

Infos pratiques : Plus d’infos sur le site de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (fub.fr) et sur la page Facebook de la l’association Zig Zag. Les chroniques d’Olivier Razemon sur les transports sont à retrouver sur son blog “L’interconnexion n’est plus assurée” sur lemonde.fr

Propos recueillis par Antoine Gavory

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