À deux pas de la place Carnot à Nevers, le Café Sourire est à la fois un café comme les autres mais aussi un lieu où la différence se vit au grand jour avec des serveurs porteurs de handicaps.
« Ici, notre politique, c’est de faire la fête. Quelqu’un qui vient et qui n’a pas le moral, il faut qu’il reparte avec le sourire ! » Assise au fond de la boutique, Élodie se lève d’emblée dès qu’elle nous aperçoit dans l’entrebâillement de la porte, et vient nous expliquer avec enthousiasme la philosophie des lieux. Mère de Pierre, un jeune homme en fauteuil (il est installé à ses côtés), elle est venue ce matin-là tenir la boutique avec Bernadette, une autre maman membre de l’Adapei, cette association créée dans les années 1960 par des parents d’enfants en situation de handicap.
Rendre le handicap visible au cœur de la ville
La boutique, c’est donc un café qui semble tout ce qu’il y a de plus classique, avec son comptoir, ses quelques petites tables métalliques et ses fauteuils confortables en tissu. Mais c’est aussi un peu plus que ça. « C’est avant tout un lieu de rencontres qui a pour but de rendre le handicap visible au cœur de la ville. Nous nous sommes installés à deux pas de la place Carnot, tout le monde nous voit : le choix de l’endroit était stratégique », explique Corinne Charbonnier, la présidente de l’association.
Ouvert il y a maintenant un peu plus de deux ans, le café accueille donc plusieurs fois par semaine tous ceux qui aiment papoter de bon matin avec légèreté. Ce jour-là, Éric vient en voisin. Commerçant pendant de longues années dans le centre-ville où il vendait de l’électroménager, il passe une tête pour saluer la petite troupe. « C’est un client fidèle qui vient tous les vendredis matin pour voir sa serveuse préférée », rigole Élodie alors qu’il avale sa première gorgée de kawa. Les serveurs en question, ce sont des jeunes du centre de jour Au fil de l’eau à Coulanges-lès-Nevers. Par groupes de trois en rotation, ils viennent donner un coup de main au café de manière volontaire et avec un éducateur, puisqu’il s’agit d’une des activités proposées par l’établissement. « C’est une démarche qui les valorise », explique Corinne Charbonnier.
Café Sourire : « Ce n’est pas un endroit institutionnel »
Côté clients, il y a aussi les familles d’enfants handicapés, qui viennent ici pour trouver un peu de réconfort dans des moments parfois difficiles. Pas mal de mamans en solo qui galèrent au quotidien. Des couples, aussi, qui voient l’occasion d’échanger avec d’autres parents pour relâcher la pression, ou prendre des conseils sur des démarches administratives. « Il y a des personnes qui réclament de l’aide pour remplir des dossiers auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), car c’est une vraie usine à gaz », déplore Élodie. Corinne, elle, souhaite insister sur le fait qu’il s’agit là d’un lieu avant tout chaleureux : « Ce n’est pas un endroit institutionnel ! Les gens rentrent et discutent : il y a une parole libre et libérée, sans jugement. » Un concept qui s’inscrit dans la philosophie du projet associatif que l’Adapei défend haut et fort : ouverture, inclusion et lien social.
Sur les murs de l’établissement, on trouve aussi toute une panoplie de petits objets faits à la main : de la déco, des produits cuisinés… Tous les articles ont été confectionnés par les résidents de la vingtaine de centres gérés par l’association dans le département. « C’est très stressant pour les parents d’avoir un enfant en situation de handicap, mais il est important de dire que malgré cela nous ne sommes pas tristes : on arrive à vivre heureux ! », souligne Corinne Charbonnier
Rémi Belot
Infos pratiques : Café Sourire, 31 bis, rue Saint-Martin, Nevers. Ouvert le mardi de 9 h 30 à 16 h, le mercredi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 16 h 30, le jeudi et le vendredi de 9 h 30 à 16 h. Plus d’infos sur adapei58.org/cafe-sourire