L’agriculteur Sébastien Poursin a ouvert il y a cinq ans un gîte tout près de Pouilly-sur-Loire, la Ferme aux kangourous. Une ferme qui abrite de nombreux animaux peu communs dont un chameau, des lamas et bien sûr… des kangourous. Le temps d’une nuit, nous avons dormi au milieu de ces drôles de spécimens.
N’espérez pas trouver quelque publicité ou panneau indicateur sur la route. La Ferme aux kangourous, ça se mérite. Après de nombreuses hésitations et deux demi-tours, c’est mon accompagnateur en culotte courte qui aperçoit… un chameau dans un champ. Un mirage ? Non, ce genre d’animal au beau milieu de la Nièvre vaut mieux qu’un panneau de direction, surtout quand on a cinq ans. Au bord d’un petit étang, place à l’étonnement : le gîte de plain-pied a des airs de maison de vacances à la mer avec son petit portail blanc, ses volets bleus et son coin barbecue. L’intérieur, un brin désuet, ne plaira certainement pas aux fans de déco tendance, mais il a l’avantage d’être fonctionnel et confortable.
Après une nuit silencieuse et douillette (on remercie les animaux et les bons matelas), le lever de soleil est magique. Comme dans un roman de Jane Austen, deux chevaux arrivent au triple galop depuis la colline d’en face jusqu’aux oies bagarreuses tout droit sorties des Aristochats. Puis nous découvrons trois jolis ânes blancs, des moutons d’Ouessant, des lapins géants des Flandres, une vache Watusi à longues cornes, une chèvre barbue, des poneys Shetland et un cheval de trait. Dehors, Sébastien, notre hôte, semble à l’ouvrage depuis bien longtemps. Il nous salue du haut de son tracteur XXL en route vers ses 250 hectares de céréales.
Kangourous indolents et lamas facétieux
De notre côté, nous filons à la recherche des kangourous. En haut d’un mât, un drapeau à l’effigie de l’animal flotte dans les airs. Deux grands lamas nous toisent depuis leur enclos. Je repense à l’album de Tintin Le Temple du Soleil où le capitaine Haddock se fait cracher dessus par ledit animal. Mais les lamas de la Ferme aux kangourous se montrent plus placides. Je dirais même plus (comme diraient les Dupondt), l’esprit facétieux de l’un d’eux n’a pas échappé à mon jeune accompagnateur. Quelques échanges de regards plus tard, ils jouent à faire la course. Derrière eux, voici enfin les kangourous, indolents, entre les poules et les chèvres.
« J’ai des animaux depuis 30 ans, c’est une passion. Au départ, ils n’étaient pas là pour le spectacle. Après la mort de mon père, j’ai eu l’idée de rénover sa maison pour accueillir des visiteurs », explique Sébastien. Le quadragénaire a grandi dans la ferme qui appartient à sa famille depuis 1947. La relève est d’ailleurs assurée puisque le fils aîné de Sébastien aurait le projet de reprendre l’affaire.
Entre Ramsès, jeune chameau de 7 ans racheté à un cirque, deux trotteurs peu doués pour le chrono et sauvés de l’abattoir, et le cheval de trait confié par une dame âgée alors qu’il était presque mourant, la Ferme aux kangourous a des allures de refuge. « On m’appelle parfois pour me donner des animaux. Je commence à être connu dans le coin ! » plaisante à peine Sébastien alors qu’on croise son épouse avec un minuscule chaton : « Lui, il a été abandonné par sa mère sur notre terrain, on n’allait pas le laisser ! »
Fini les chatons mignons, Sébastien nous invite à visiter son vivarium. Nous y découvrons caméléon, phasmes, boa, python et couleuvre américaine. Sébastien donne alors une sauterelle au caméléon pour son déjeuner. Mon jeune garçon est au comble de l’excitation quand je sens, au contraire, monter en moi une grosse empathie pour l’insecte et les souris qui viendront nourrir les serpents.
Les mille vies de Sébastien
« Parfois les gens sont déçus car ils veulent voir davantage d’animaux. Je n’ai que quelques spécimens. Que les choses soient claires : je n’ai jamais eu la prétention d’ouvrir un nouveau zoo de Beauval ! » lance Sébastien. Passionné aussi de motocross – il s’est lui-même aménagé un circuit sur son terrain –, ancien DJ, Sébastien semble vivre mille vies : « La vie est courte, il faut y aller à fond ! »
À propos de vie courte, je frôle l’arrêt cardiaque en passant la tête dans un futur second gîte en travaux, transformé en un décor d’Halloween à faire frémir un fan de Tim Burton. Certainement une autre passion du fermier. Son prochain rêve : « Élever des ratons laveurs ou des lièvres de Patagonie. » Si ça continue, on va se croire à Beauval.
Virginie Jannière
Infos pratiques : La Ferme aux kangourous, 2, Le Pâtis, Sainte-Colombe-des-Bois. Tarif : 124 € la nuit (jusqu’à 8 personnes). Tél. : 06 63 40 77 24. Plus d’infos sur Facebook La ferme aux kangourous