Sur plus de 50 ha à Garchizy, l’entreprise Arquus fabrique et répare des véhicules blindés destinés notamment à l’armée de Terre tout en abritant quelque 40 000 références de pièces détachées prêtes à être expédiées. Journaliste pour Koikispass, Isabelle Dany a pris place sur un poste de montage.
La sécurité chez Arquus est une seconde peau. Pour ne pas dire une cuirasse. Normal, le groupe est le premier fournisseur de blindés de l’armée de Terre française. A Garchizy, où j’ai rendez-vous, l’usine s’étend sur pas moins de 56 ha où s’affairent 420 salariés qui fabriquent mais aussi assurent la réparation et l’entretien des véhicules. Dès l’entrée, il me faut donc montrer patte blanche.
Une fois pénétré dans les lieux, impossible de s’écarter du chemin piéton bleu qui serpente à travers les divers ateliers. A mesure que je chemine, je découvre tous les processus qui permettent aux blindés convalescents d’être remis sur pied (ou plutôt sur roues). D’abord analysés sous toutes
les coutures, ils sont ensuite démontés avant d’être réparés et à nouveau assemblés. Ils ne quitteront pas l’usine sans avoir subi une batterie de tests et de contrôles, notamment d’étanchéité sous une pluie battante équivalente à une tempête tropicale ou encore sur une piste d’essai inclinée.
Comme un immense garage
Ici, les cabines de peinture sont capables de contenir un hélicoptère. Et les colonnes élévatrices sur lesquelles reposent notamment des véhicules blindés peuvent supporter plusieurs tonnes. Team leader, Damien compare les lieux à “un immense garage” où absolument tout peut être réparé ou changé.
Changement de décor lorsque j’effectue un passage dans la partie logistique. Fini les coups de massue, les bruits de déplacement des véhicules ou les odeurs de ferraille de la forge. Seuls les klaxons des chariots élévateurs viennent rompre l’ambiance feutrée des 12 kilomètres de rayonnages où sont entreposées plus de 40 000 références de pièces détachées prêtes à être expédiées au plus vite sur les théâtres d’opérations à travers le monde.
Retour à l’atelier, où tout ou presque est réalisé manuellement. Seule la soudure compte une petite partie robotisée. “C’est le savoir-faire et l’expérience des hommes et des femmes qui font l’usine, m’explique-t-on. Ce sont des orfèvres chacun dans leur domaine. Leur travail est très précis et minutieux car ils contribuent à la sécurité des soldats sur le terrain”.
Le royaume de la minutie
C’est maintenant à mon tour d’essayer de les imiter. Mais alors que je viens tout juste d’enfiler les gants pour assembler un pare-brise blindé sur un véhicule flambant neuf, la sirène incendie retentit. Tous les personnels se dirigent comme un seul homme vers les sorties et les points de rassemblements extérieurs. Aucun départ de feu à signaler toutefois. Il s’agit juste d’un exercice d’entraînement.
Après quelques minutes, je regagne mon poste aux côtés d’Hubert, référent technique, et Cédric, monteur cabine polyvalent, qui déballent une glace blindée de près de 250 kg. Un contrôle minutieux du vitrage est tout d’abord effectué par un contrôleur qualité qui peut refuser le produit. Celui-ci sera validé. Grâce au pont roulant élévateur, le pare-brise rejoint son emplacement définitif avec la même précision que dans l’horlogerie.
Avec mes deux collègues d’un jour, nous remettons les films de protection sur les faces vitrées. Je prends place ensuite à l’intérieur du blindé pour l’assemblage définitif et le serrage des écrous au moyen d’une visseuse à main, complétée d’une clé dynamométrique (un instrument dont je n’avais jamais entendu le nom jusqu’à présent). Puis nous effectuons le marquage au feutre UV de chaque écrou. Tout dans ces tâches nécessite de la précision et de la méticulosité. Rien d’étonnant car il en va de la protection des soldats en opération. De quoi se sentir investi d’une mission. Et d’avoir la fierté de faire un peu plus qu’un simple métier.
Poussez les portes du Conservatoire du patrimoine automobile et militaire
Pour la quatrième année consécutive, le Conservatoire du patrimoine automobile et militaire ouvre ses portes à l’occasion des Journées européennes du patrimoine samedi 21 septembre. Vous pourrez y admirer une soixantaine de véhicules, dont certains emblématiques de l’armée française, comme le premier char français avec tourelle datant de 1916, ainsi que des prototypes. Au programme également de cette plongée inédite dans l’histoire grandeur nature, des conférences sur l’évolution et l’utilisation des blindés.
Infos pratiques : Journée portes ouvertes au Conservatoire du patrimoine automobile et militaire, 353, rue Georges-Merat, Garchizy. Samedi 21 septembre entre 10 h et 17 h. Accès libre. Plus d’infos sur arquus-defense.com
Propos recueillis par Blanche Garofalo
Infos pratiques : pour tout savoir sur les recrutements en cours chez Arquus, rendez-vous sur arquus-defense.com/fr/recrutement ou bien candidatez spontanément sur arquus-defense.com/fr/nous-contacter