Dans le ranch canin Wood’cie à Chevenon, Victoire élève des laïkas de Iakoutie, un chien qui était traditionnellement utilisé pour tracter des traîneaux en Sibérie. Elle propose depuis quelques semaines des balades en « canikart », un attelage monté sur roues qui permet de revivre cette expérience de transport ancestral, le museau au vent. Journaliste pour Koikispass, Rémi Belot a pris place à bord.
Une double paire de chaussettes, une grosse écharpe en laine, un coupe-vent rembourré et une capuche bien enfoncée sur le casque : Victoire nous avait prévenus de bien nous équiper et nous ne le regrettons pas. En ce glacial matin d’hiver (-6° tout de même), la campagne nivernaise a de faux airs de toundra sibérienne. Et pas seulement pour le climat : les huit chiens de traîneau que l’éleveuse est en train d’atteler pour notre petite virée en plein air (vif) sont en effet des laïkas de Iakoutie, une région polaire du nord de la Russie.
Une race particulièrement robuste avec son épais pelage pour résister au froid, mais aussi pour tracter de lourdes charges (comme un journaliste de Koikispass ayant abusé de la bonne chère pendant les fêtes de fin d’année).
Jusqu’à 15 degrés
« Les gens pensent parfois qu’on les force à courir, prévient Victoire, mais en fait pour eux c’est un plaisir ! » Il suffit d’ailleurs de voir l’énergie qui est la leur, avant même le départ, pour s’en convaincre. La jeune femme doit en effet calmer la petite troupe de huit chiens (disposés en quatre rangs de deux animaux) qui voudrait bien partir gambader au plus vite dans la nature (sachant qu’il n’est pas nécessaire que les températures soient négatives pour qu’ils s’élancent. Il suffit que le mercure n’excède pas les 15 degrés).
Ça jappe fort, ça sautille sur place et ça lance des regards un peu désespérés à leur guide : côté canin, on est dans les starting-blocks. Et côté passager ? Idem ! Bien assis dans le « kart » monoplace, une couverture sur les jambes, on est paré pour la promenade en chien de traîneau.
« Les chiens ! Allez, on y va ! » : la petite phrase lancée par l’éleveuse, placée debout à l’arrière du véhicule et guidon en mains, suffit à lâcher les bêtes ! On est surpris par la puissance du convoi. Le « traîneau » démarre d’un coup sec et l’on se retrouve bien vite à vitesse de croisière (environ 12 km/h) avec la vivifiante brise du jour sur le visage. Le paysage, qui a revêtu son blanc manteau, défile sous nos yeux alors que l’on approche du canal, dont la surface est complètement gelée. Le décor hivernal est enchanteur et on a du mal à croire que l’on est à quelques kilomètres seulement de Nevers.
Chien de traîneau : des chiens marathoniens
À intervalles réguliers, Victoire envoie les commandements de sa voix douce : « À gauche… Ouiiiii ! » acquiesce-t-elle de façon bienveillante quand les deux chiens de tête jettent un œil en arrière pour avoir la confirmation qu’ils ont pris la bonne direction. Krockmo et Kitsune (de leurs petits noms), emmènent dans leur sillage six de leurs compères que la jeune femme a tous longuement entraînés.
« Il faut les habituer à se nourrir régulièrement avec un apport adéquat en protéines, lipides et glucides adapté à l’effort. Et j’effectue aussi des séances de travail sur la vitesse et l’endurance, en variant les allures avec du fractionné. » Comme pour des marathoniens. Ce savant dosage entre diététique et entraînement sportif leur permet d’ailleurs de courir jusqu’à 80 kilomètres par jour. Il faut croire que le coaching est efficace : tous virevoltent avec légèreté, même sur les flaques gelées ! Et sans vraiment se soucier du paysage, contrairement aux heureux passagers du canikart.
Après avoir longé pendant une heure le canal et la Loire sur de bucoliques sentiers de sable et de terre, il est temps de faire demi-tour. Voilà une randonnée qui ne manque pas de chien(s) !
Rémi Belot
Infos pratiques chien de traîneau : Wood’cie ranch canin, kart à chien et cani-randonnée – Les Rondes à Chevenon. Tarif : 70 € par personne pour un parcours de 7 à 8 km. Tél. : 06 51 58 29 11. Plus d’infos sur laika-de-iakoutie.fr et sur Instagram @polarsouls.yakutian.laika. Portes ouvertes « À la découverte du laïka de Iakoutie » les 30 et 31 mars prochains.