À quelques encablures du port de la Jonction, Laurent Le Mouée, taulier haut en couleur, tient la barre (et le bar) de cet ancien club privé métamorphosé récemment en un cool café kids friendly nommé le B’Fort. Méga-terrasse, humour décalé, soul funk 70’s… Un lieu qui a tapé dans l’œil de la journaliste de Koikispass Tina Meyer.
« Maison sérieuse depuis 2023 » clame le logo (stylé) à la police rétro-funk. On marque l’arrêt face au mur vert menthe à l’eau. « Bar privé », annonce l’enseigne en néon au-dessus de la porte. Entre les deux mots, une main facétieuse a rajouté « pas (plus) ». Qu’est-ce donc que cet ovni ? Souvent, je me dis que je fais mon métier pour vivre ce genre de moments. Sortir des sentiers battus. Flairer l’underground, débusquer l’insolite. Par expérience, c’est quand on ne cherche pas qu’on trouve.
Nous sommes dans le quartier du port à Nevers. C’est ici que Laurent Le Mouée, 48 ans, ex-éducateur de quartier à la carrure de boxeur, a jeté l’ancre. Épaulé par son fils Reda, conseiller immobilier, il a repris le Djimy’s, ancien bar à hôtesses qui n’a pas survécu au Covid. Ouverture en catimini au printemps dernier.
Foutraque, poétique et bourré d’humour
Fantaisiste, foutraque, poétique, bourré d’humour, le lieu est à l’image du taulier, cinéphile et mordu de soul funk seventies. « La vérité sort de la bouche des poukaves ! » (« balances » en argot de cité, NDLR), assène un collage encadré façon lettre anonyme. Au marqueur noir, en haut de l’armoire réfrigérée, cet autre aphorisme : « Freddy met le curry mais… C’est Vincent qu’à le sel ! » « La philosophie de comptoir, c’est la base », affirme Lolo, goguenard.
Ghetto blaster vintage, panier de basket au mur, fléchettes, figurine collector de Michael Jackson, canapé couleur camel en cuir cosy… L’endroit a tout du bar-musée et fourmille de détails cocasses, à l’instar de cette tasse géante ou cette tête en carton du sculpteur voisin Philippe Monnot.
Sur l’étagère : les bons sirops Monin, fabriqués à Bourges. Mais aussi les bières belges Vedett (4 € la bouteille de 33 cl). À la pression, la classique Heineken (3,50 €) ou la Pélican Rouge (4,50 €). L’expresso est à 1,20 €, les jus de fruits Granini à 3 €. Les prix n’attigent pas. « Ici, c’est populaire et à la cool », revendique Laurent. Pour la grignote, petites planches de fromage ou de charcuterie (de 5 à 10 €).
Le B’Fort à Nevers, un petit paradis dissimulé des regards
Mais le meilleur, c’est cette fantastique terrasse, invisible depuis la rue, avec son jardin caché. 400 m2 à la louche. Planche de surf accrochée au mur, olivier en pot, hamac tout au fond sur la pelouse, fauteuils scoubidou jaunes ou noirs, loupiotes… Çà et là des gamins s’ébattent, se poursuivent avec des pistolets à eau. Transformer un bar à hôtesses en café où les enfants peuvent jouer, il fallait oser, le B’Fort l’a fait !
« Ici, on est vraiment comme à la maison », résume David, un habitué. « C’est le lieu idéal en début de soirée ! » Un bar où les bons pères de famille peuvent désormais venir sans honte… À sa table : un duo de copines ultra-lookées. Cheveux bleus, robe vintage à fruits, Alicia Sanchez vient ici pour « couper un peu de la ville ». « C’est un petit paradis pour les parents », confirme cette pétillante Neversoise. Fleur dans les cheveux, fard coloré irisé sur les paupières, Séverine Ridet, cheffe de cabinet à la mairie de Nevers, a le mot de la fin : « Pour vivre heureux, vivons perchés ! »
Tina Meyer
Infos pratiques : Le B’Fort, 18, rue de la Jonction, Nevers. Ouvert du mardi au samedi de 14h à 23h, le dimanche de 14h30 à 21h30. Tél. : 06 86 67 01 48