Depuis 2019, l’association Tous en chemin rural entretient et rouvre des chemins ruraux dans la Nièvre. Un patrimoine qui profite à tous, sportifs comme promeneurs, comme l’explique à Koikispass Benoist Grangier, créateur et président de l’association.
Qu’appelle-t-on « chemin rural » ?
Benoist Grangier : C’est un chemin qui appartient à la commune et qui n’est pas privé. Les chemins ruraux font partie des cadastres de chaque commune. Tout le monde peut les emprunter : randonneurs, engins motorisés, chevaux, cyclistes… La commune a l’obligation de conserver ses chemins ruraux, sans pour autant devoir les entretenir. Des articles de loi existent déjà pour interdire d’entraver un chemin rural, que ce soit avec des déchets, des barbelés ou des arbres.
Aujourd’hui, 250 000 km de chemins ruraux ont disparu en France sur un million de kilomètres. Pourquoi ?
Avec la mécanisation agricole, les tracteurs sont de plus en plus imposants. De passages très empruntés par les agriculteurs, ces chemins sont devenus trop étroits pour être empruntés par les engins agricoles. Parallèlement, il arrive souvent que les propriétaires de parcelles bordant les chemins ruraux les grignotent ou laissent leur végétation déborder. Le manque de surveillance de certaines communes n’arrange rien à l’affaire.
En quoi la défense des chemins ruraux est-elle si importante ?
Aujourd’hui, avec le boom des activités de pleine nature, on se rend compte de l’importance de ces passages pour le tourisme. Les applis de randonnées permettent désormais de créer soi-même ses parcours sans suivre obligatoirement les chemins de grande ou de petite randonnée. Par ailleurs, ces sentiers font partie de notre patrimoine historique, ou du moins affectif. Il existe aussi un intérêt environnemental. Avec le réchauffement climatique et la multiplication des feux de forêt, les chemins ruraux déblayés font office de pare-feux et permettent aux pompiers de se rendre plus vite au cœur des flammes.
Quelles sont les actions menées par votre association ?
Nous sommes une cinquantaine d’adhérents, tous bénévoles. En semaine, ceux qui sont disponibles – souvent de jeunes retraités – se rendent sur place pour nettoyer les chemins. Le week-end, nous organisons des matinées, souvent avec les communes, en faisant appel aux volontaires via les réseaux sociaux. Nous avons également à cœur de sensibiliser les collectivités locales à l’importance touristique et écologique de ces chemins. Depuis 2019, date de création de l’association, nous avons nettoyé 70 chemins ruraux et rouvert plus de 130 d’entre eux très obstrués. Cela représente plus de 3 000 heures de travail ! Si nous avons œuvré d’abord dans le Morvan, notre rayon d’action est désormais plus large avec une petite équipe dans le Bazois par exemple.
Quels sont vos objectifs ?
L’idée est de faire revivre le plus possible de chemins ruraux et ensuite de pouvoir les partager entre usagers. Nous ne privilégions aucune pratique sportive. Joggeurs, cyclistes, adeptes d’engins motorisés, chasseurs… Le but est que tout le monde parvienne à en profiter et à partager sereinement ces chemins. Leur utilisation est le meilleur entretien que nous puissions espérer, à condition bien sûr que les usagers respectent la nature. Aujourd’hui, nous faisons partie du collectif national “Chemins en danger”. Nous travaillons à des propositions de lois pour protéger les chemins ruraux qui méritent autant de soin et d’attention que le patrimoine bâti !
Propos recueillis par Virginie Jannière
Infos pratiques : Tous en chemin rural, place François Mitterrand, Lormes. Plus d’infos
sur Facebook @Tousencheminrural