A une quinzaine de kilomètres de Nevers, la forêt des Bertranges, deuxième plus grande chênaie de France derrière celle de Tronçais, est peuplée de grands animaux sauvages que le guide naturaliste Christophe Page vous invite à aller observer à la tombée de la nuit. Journaliste pour Koikispass, Isabelle Dany s’est enfoncée à pas feutrés sous la canopée.
Alors que l’automne pointe le bout de son nez, j’ai rendez-vous avec Christophe Page, d’Instant Nature. Le guide naturaliste nivernais organise tout au long de l’année des sorties à pied ou sur l’eau au plus près de la faune et de la flore. Par une douce soirée de septembre, je retrouve deux couples Léa et Michael ainsi que Karine et Patrick. Ensemble, nous partons à la découverte des grands animaux sauvages de la forêt des Bertranges.
Nous laissons les voitures le long d’une petite route à une quinzaine de kilomètres de Nevers. Casse-croûte dans le sac, nous emboîtons le pas
de Christophe sur un chemin caillouteux. Après quelques minutes de montée, premier arrêt pour admirer la très belle vue sur le massif forestier des Bertranges. Le soleil commence à décliner offrant une magnifique lumière.
Le calme règne
Nous continuons de nous enfoncer dans la forêt. Le calme règne et Christophe prévient : “À partir de maintenant, je vais vous demander de faire attention où vous mettez les pieds pour ne pas marcher sur du bois mort car quand ça casse ça résonne comme un coup de fusil”. Aussitôt, mes sens se mettent en alerte et les bruits de la forêt se font plus présents. Quelques centaines de mètres plus loin, notre guide installe son trépied et sa longue vue. De part et d’autre de notre poste d’observation se trouvent deux clairières bordées d’arbres.
C’est le moment de sortir le pique-nique du sac après avoir goûté l’apéritif maison offert par Christophe. Très vite s’invitent une chevrette et son chevreau d’un an qui viennent brouter l’herbe du bocage. A la lunette on distingue bien la belle couleur rousse de leur pelage d’été. Dans notre dos, à une cinquantaine de mètres, un chevreuil qu’un de nos mouvements fait fuir rapidement, sort du bois.
Des visiteurs du soir
A 20h, le repas avalé, nous percevons au loin le brame d’un cerf. La fraîcheur tombe et les nappes de brume recouvrent l’herbe par endroits. Soudain, dans l’objectif, en plus des deux chevreuils, Christophe nous signale la présence d’un faon né au printemps, la fourrure encore pourvue de tâches blanches, bientôt rejoint par sa mère. La différence de taille est frappante. Lorsque la femelle du chevreuil atteint 25 kg, le poids de la biche peut aller jusqu’à 100 kg et celui d’un cerf adulte jusqu’à 200 kg.
La nuit tombe, le ciel se pare de couleurs orangées avant de virer au bleu profond. “Mettez vos mains fermées derrière les oreilles pour amplifier les sons”, propose alors Christophe. Tous assis dans l’herbe, avec pour décor les étoiles qui s’allument une à une dans le ciel, nous ne tardons pas à entendre très nettement le brame puissant du roi de la forêt. Il n’y a pas un souffle d’air et, entre 2 brames, règne un silence absolu juste entrecoupé de quelques cris
de chouette hulotte.
A la lueur d’une frontale, et de la pleine lune, nous reprenons le chemin du retour. Christophe nous montre quelques bois de cerf trouvés dans la forêt avant que notre petit groupe se sépare, et reprenne une activité normale.
Infos pratiques : Soirées brame du cerf dans la forêt des Bertranges avec Instant Nature. Tél. : 03 86 57 98 76. Plus d’infos sur instant-nature.org
Isabelle Dany