Longtemps considéré comme « un truc geeks », le jeu vidéo a changé d’ère avec le développement des compétitions de e-sport à travers le monde. Dans la Nièvre, l’association Off’Lan s’apprête à lancer ses jeux « e-lympiques » par un premier tournoi les 4 et 5 novembre à Varennes-Vauzelles tandis que les médiathèques de l’agglomération de Nevers organisent le Mois du jeu vidéo jusqu’au 18 novembre.
40 000 personnes en liesse, massées dans le Seoul World Cup Stadium pour encourager leur équipe en finale d’une compétition internationale : la scène se déroule en 2014 en Corée du Sud. Pourtant, on ne parle ici ni de football, ni de rugby, ni d’aucun autre sport de balle. Mais bel et bien de la finale du championnat du monde de… League of Legends, un jeu vidéo de bataille en ligne sorti en 2009. Cette anecdote incroyable, c’est Paul Arrivé, aujourd’hui journaliste spécialisé pour le journal L’Équipe, qui aime à la rappeler.
À l’époque, le célèbre quotidien sportif est bien loin de traiter de l’actualité du jeu vidéo, et c’est bien ce qui chagrine ce grand manieur de joysticks, qui travaille alors pour un autre journal. « Pourquoi quasiment aucun média français ne relaie un tel événement ? Tout de suite, la seule réflexion qui me vient à l’esprit est de me dire qu’il faut changer ça. Aux Mondiaux suivants à Paris, je découvre encore une fois le public, l’ambiance, et je deviens ou. Dans la salle de presse, je voyais des médias étrangers venant des quatre coins du monde. Moi j’étais quasiment le seul journaliste d’un média généraliste à être présent alors que l’événement avait lieu en France : c’est quand même dingue ! », relatait-il au site Esport Insights.
La création d’une rubrique dans L’Equipe
Séduit par le travail de Paul Arrivé, qui réalise également des documentaires sur le sujet, L’Équipe finit par instaurer une rubrique dans ses pages, et la confie à ce dernier. C’est que l’e-sport (schématiquement, la pratique de jeux vidéo en équipe) répond à nombre de codes du sport traditionnel : une discipline collective nécessitant de minutieux entraînements, de la tactique, des compétitions qui génèrent stress et suspense pour les participants comme pour les suiveurs, des supporters acharnés… Bien sûr, l’activité physique est relativement réduite, mais, comme le dit Paul Arrivé : « On se fiche de savoir si l’e-sport est un sport : dans sa façon de le traiter et d’aborder la discipline, c’est la même chose. »
Si l’e-sport n’est pas encore totalement grand public (les retransmissions des compétitions restent confinées sur Youtube, Twitch ou des chaînes spécialisées), celui-ci fait tout de même petit à petit son chemin. Il faut dire qu’un bon nombre des jeux vidéo qui sont utilisés dans le cadre de ces rencontres « e-sportives » sont des best-sellers mondiaux comptant des milliers, voire des millions de pratiquants à travers le monde : League of Legends, donc, qui propose une arène de bataille, mais aussi Counter Strike, un jeu de tir en équipe, Rocket League, dans lequel des véhicules ont pour objectif de marquer des buts avec une énorme balle et évidemment FIFA, le célèbre jeu de foot en ligne.
Des jeux “e-lympiques” dans la Nièvre en 2024 avec Off’Lan
Chacun a donc ses propres compétitions, locales, continentales, ou mondiales. Mais aussi ses équipes, spécialisées dans un ou plusieurs de ces jeux, et même ses clubs. En France, la Team Vitality est ainsi le premier d’entre eux. Une sorte de PSG du jeu vidéo (mais qui gagnerait des titres internationaux).
La Nièvre n’est pas en reste : dès 2018, l’association Off’Lan, qui a pour but de développer l’e-sport dans le département, avait organisé un premier événement autour du jeu FIFA à Varennes-Vauzelles. En stand-by depuis, elle a récemment repris ses activités et relance une série de compétitions : des jeux « e-lympiques » durant toute l’année 2024, mais aussi, dès le week-end des 4 et 5 novembre à Varennes-Vauzelles, un tournoi de Super Smash Bros Ultimate, un jeu qui met en scène dans un affrontement coopératif les personnages les plus connus de l’univers Nintendo (Mario et Luigi, Donkey Kong, Bowser, etc.). Une trentaine de joueurs de tous niveaux sont attendus pour l’occasion, mais les spectateurs trouveront également leur bonheur également avec un atelier de réalité virtuelle et une exposition rétro de consoles de jeux.
Exposition sur “La petite histoire du jeu vidéo” à Fourchambault
Mario et Luigi sont d’ailleurs largement à l’honneur en ce mois de novembre : la troisième édition du tournoi de jeu vidéo des médiathèques de l’agglomération de Nevers, dans le cadre du “Mois du jeu vidéo”, se déroule autour de Mario Kart 8 Deluxe sur console Switch. Avec une grande finale le samedi 18 novembre entre les 20 meilleurs joueurs. De quoi s’amuser tout autant que se cultiver : à la médiathèque de Fourchambault, on peut ainsi réviser ses classiques avec une exposition sur « La petite histoire du jeu vidéo », tandis qu’au centre culturel Jean-Jaurès à Nevers une conférence est programmée le 16 novembre sur le thème de la place du manga dans l’univers des jeux vidéo avec aux manettes Gaëtan Verdichizzi, de l’association « Pixel et bœuf bourguignon ». Enfin pour clore ce Mois du jeu vidéo en beauté, un concours de cosplay verra les fans revêtir leurs plus beaux costumes le 18 novembre. Du virtuel au réel, il n’y a qu’un pas.
Infos pratiques : « Off’Lan 2023 – L’exploration inédite du monde Esport », samedi 4 et dimanche 5 novembre au Centre Gérard-Philipe, chemin des Meuniers, Varennes-Vauzelles. Plus d’infos sur le site de l’association Off’Lan sur off-lan.fr. Le “Mois du jeu vidéo”, jusqu’au 18 novembre dans les médiathèques de l’agglomération de Nevers. Programme complet à retrouver sur agglo–nevers.net/mois-du-jeu-video
Rémi Belot