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Et si Coulanges-lès-Nevers était une fête ?

Coulanges-lès-Nevers
Organisée en mai dernier, la course de caisses à savon a réuni 5 000 personnes dans les rues de Coulanges / Photo par Romain Liger - Ville de Coulanges-lès-Nevers

« Paris est une fête » : c’est ainsi que s’intitule l’autobiographie de l’écrivain Ernest Hemingway parue en 1964. Et si Coulanges-lès-Nevers était aussi une fête ? Après avoir accueilli une course de caisses à savon cette année qui a réuni 5 000 personnes, la ville entend désormais se transformer et multiplier les espaces qui favorisent les rencontres. Ce que détaille à Koikispass le maire Julien Jouhanneau, urbaniste de formation et attaché au concept de « ville en fête ».

Quand avez-vous commencé à vous intéresser au concept de « ville en fête » ?

Julien Jouhanneau : C’était en 2005, au cours de mes études d’urbanisme à Tours (Indre-et-Loire). J’ai dû choisir un thème pour mon mémoire qui devait me conduire à découvrir la ville d’une manière différente. À l’époque déjà, le concept de « ville en fête » apparaissait comme un élément dont il faudrait tenir compte dans les futurs aménagements urbains et qui correspondait à l’évolution de la société et à la place grandissante prise par les loisirs. Le fait de se sentir bien dans sa ville, comme en vacances permanentes, était un objet d’étude qui prenait de l’ampleur et qui m’intéressait.

Depuis quand parle-t-on de ville en fête ?

La ville en fête existe depuis que les villes existent. Dans les sociétés grecques et romaines, les jeux du cirque, les jeux olympiques ainsi que les fêtes liées aux divinités étaient des temps très importants de la vie de la cité. Dans la Rome antique, il y avait cette expression : « du pain et des jeux ». Le pain, c’était le quotidien. Les jeux et fêtes étaient faits pour se divertir, comme la culture et le sport aujourd’hui.

Quelles étaient les villes les plus en pointe sur le sujet en 2005 ?

Surtout les villes étudiantes. J’ai eu la chance de faire un voyage d’études de trois semaines à Nantes, qui avait commencé à développer l’île de Nantes, un projet avant-gardiste du point de vue urbanistique et culturel, qui a pris place sur les anciens chantiers navals et une friche ferroviaire. On y trouve entre autres les Machines de l’île, avec les créations imaginées par la compagnie de spectacles vivants La Machine, ainsi que le Hangar à bananes, ancienne friche qui mêle bars, restaurants, discothèque mais aussi une galerie d’art et une salle de théâtre. De ce fait, l’île de Nantes est un endroit très tourné vers les festivités. Son concepteur, l’urbaniste Laurent Théry, considère la fête comme un moyen pour s’approprier sa ville, d’en être fier.

Comment cela se traduit-il à Coulanges-lès-Nevers ?

C’est ce que l’on a vécu avec la rue Bailly à Coulanges. C’était l’une des rues les moins agréables de la ville. Nous l’avons réaménagée et y avons organisé une course de caisses à savon cette année au moment de son inauguration. L’objectif était d’essayer d’y faire venir du monde, pour que les gens voient que l’espace avait changé et que l’on pouvait y vivre autrement qu’en voiture et se l’approprier. L’événement a dépassé toutes nos attentes et a attiré 5 000 personnes. C’est plus que le nombre d’habitants de Coulanges-lès-Nevers (la ville compte environ 3 700 habitants, NDLR). Il s’agit d’une animation que l’on imagine reproduire d’année en année dans des rues qui sont amenées à évoluer.

C’est une manière de diffuser une autre culture de la ville…

On est dans ce que l’on appelle le soft power. Car vous avez beau faire le plus beau des aménagements, s’il n’est pas bien accepté, bien compris, vous aurez échoué. Les États-Unis sont le meilleur exemple de l’utilisation du soft power. Qu’on l’aime ou pas, la culture américaine est devenue une référence dans le monde à travers la musique, le cinéma, le sport et même la nourriture. Dans le cas de Coulanges-lès-Nevers, il s’agit de diffuser une image plus positive de la ville et de créer une identité dans une ville périurbaine qui n’en a pas vraiment aujourd’hui.

Le fait que Coulanges-lès-Nevers n’ait pas de véritable centre n’est-il pas un handicap ?

Oui. D’où notre projet de création d’une place centrale qui se situera à l’endroit d’un terrain de foot quasiment à l’abandon avenue Jean-Jaurès, entre le supermarché Leclerc et l’Espace des saules. Le but est de faire naître un lieu de vie agréable. Les travaux vont commencer en début d’année prochaine pour se terminer je l’espère en fin d’année. On veut faire de cette place un lieu rassembleur, propice aux rencontres et à même d’accueillir des animations. Pour cela, il faut lui donner du sens ; cela passe par le fait d’y vivre des moments de fête, de se créer des souvenirs. Cela témoigne de notre volonté de renouveler l’image de Coulanges-lès-Nevers, vue généralement comme une ville-dortoir.

Pour changer l’image que l’on a de la ville, il faut également en transformer la physionomie…

Les rues ne sont pas seulement des axes pour circuler, ce sont aussi des lieux de rencontre. Dans les aménagements que nous allons réaliser, il faudra toujours qu’il y ait une part de ludique. On doit pouvoir s’y appesantir, avoir envie d’y revenir. Ce n’est pas seulement une question d’embellissement de la ville. Nous devons travailler à améliorer le cadre de vie. On est au début d’une aventure. Il faut être très humble. Nous n’avons transformé que 4 ou 5 rues pour le moment. L’objectif est d’avoir de plus en plus d’espaces où les gens pourront se sentir bien ; où, au lieu de venir en voiture et de ne croiser personne, ils auront envie de venir à pied ou à vélo et de prendre le temps de s’arrêter bavarder avec des amis. Nous cherchons à faire une ville qui favorise les rencontres, y compris les rencontres fortuites. C’est un processus long, qui dépasse la durée du mandat d’élu, et qui est autant une révolution urbanistique qu’une révolution culturelle. Dans notre société d’immédiateté, c’est parfois difficile à comprendre que tout ne peut pas se faire du jour au lendemain.

C’est une approche qui demande aussi de ne pas sacrifier le budget de la culture dès les premières secousses…

Tout à fait. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait pendant la période du covid. La culture permet de sortir du quotidien, de s’extraire de ses problèmes, d’ouvrir son esprit. Pendant la crise sanitaire, nous avons fait le choix de ne pas baisser les subventions accordées aux associations. On s’est dit que, même si elles ne pouvaient pas proposer d’animations, elles constituaient un pari sur l’avenir. C’est un pari qui porte ses fruits aujourd’hui. Car la dynamique d’une ville dépend en grande partie de ses habitants et de la vitalité de son monde associatif.

Propos recueillis par Renaud Charles

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