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Street Art City, une vitrine mondiale du street art dans un village de moins de 2000 habitants

Devenu une référence mondiale, Street Art City a vu le jour par hasard à Lurcy-Lévis dans l’Allier / Photo par Antoine Gavory pour Koikispass

Reportage réalisé en mai 2022

À Lurcy-Lévis, Koikispass a visité en 2022 le seul centre au monde consacré au street art, établi dans un ancien hameau industriel devenu lieu de création et rouvert le 18 mai dernier.

C’est un projet qui aurait pu très bien ne jamais voir le jour. À Lurcy-Lévis (Allier), Gilles et Sylvie Iniesta ont ouvert un peu par hasard en 2015 le seul centre au monde dédié au street art : « On arrivait d’Espagne. Sylvie tombe sur cette friche, ça a été le début », raconte Gilles, président de l’association.

Un lieu unique au monde

Sept ans plus tard, Street Art City possède son panneau à l’entrée du village. À l’extérieur du site, pas un espace sans une fresque. La porte de l’accueil franchie, on est d’abord projeté dans le métro parisien. C’est l’œuvre d’un jeune Français, Zach Oreo, spécialiste du détournement : panneaux indicateurs, plan du métro, et même héros des BD de notre enfance. On le rencontre en train de customiser une cabine téléphonique : « C’est pour que Gaston Lagaffe puisse appeler Tintin ! » Après le métro parisien, place au métro new-yorkais de l’artiste Zeso, ancien chef de cuisine à New York revenu dans sa ville natale de Lyon. 

Au total, 297 artistes de 61 pays différents ont recouvert 34 000 m² de murs. « Les œuvres restent deux ou trois ans. On accueille jusqu’à 10 artistes et on fournit le matériel. Actuellement, on a plus d’un millier de dossiers en attente ! » Et pour cause : avec une renommée mondiale, Street Art City est devenu une vitrine exceptionnelle. « Les artistes sont passés des murs à la toile pour vivre de leur art, explique Gilles. Désormais, on expédie des œuvres dans le monde entier. »

Un hôtel où l’on ne dort mais où l’on rêve 

Né dans les grandes métropoles américaines et notamment à New York dans les années 70, le street art comprend de nombreux mouvements et a connu de multiples influences. « Dans la lettre E d’un tag, on est capable de reconnaître si l’artiste est parisien ou berlinois », explique Zeso, proche du pop art. Au détour d’une galerie, on découvre les œuvres de Ben Caillous, un jeune Occitan dont les toiles se vendent à peine sèches, et dont le trait rappelle celui de Poulbot. Alors, assagis, les tagueurs ? « Avant, les villes les mettaient en garde à vue et effaçaient les graffs. Aujourd’hui, elles payent les artistes pour orner des murs. Des gens comme Banksy y ont été pour beaucoup », sourit Gilles. Mais Zeso confirme qu’il « continue de s’éclater à peindre des graffitis sous les ponts ».

S’il est devenu moins subversif, le street art n’a pas perdu son essence : le no limit. L’œuvre s’empare des murs du sol au plafond, déborde des toiles et avale tout ce qui est autour en s’affranchissant des règles graphiques établies. On retrouve cette liberté absolue dans l’Hôtel 128 : 128 chambres qui hébergent chacune l’univers d’un artiste. Un hôtel où l’on ne dort pas mais où l’on rêve. Vous n’allez pas en croire vos yeux… 

Infos pratiques : Street Art City au château de Béguin, Les Bruyères de Béguin, Lurcy-Lévis (03). Ouvert tous les jours sauf les mercredis du 18 mai au 1er novembre. Tarifs : 20 € (plein tarif), 10 € (6-16 ans). Restauration sur place, boutique et librairie. Infos et réservation sur street-art-city.com

Antoine Gavory

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