La famille d’Espeuilles est intimement liée à l’histoire de la ville de Saint-Honoré-les-Bains. En 1855, c’est le marquis Antoine d’Espeuilles qui crée les thermes qui ont rendu célèbre celle que l’on désigne alors comme la « perle du Morvan ». Rencontre avec son arrière-arrièrepetit-fils Guy, toujours actif dans la commune où il gère le château de la Montagne.
Pourquoi Saint-Honoré est-elle connue pour ses bains ?
Guy d’Espeuilles : Il y a eu de tout temps des thermes dans la commune. Ils datent de l’époque romaine. Au milieu du XIXe siècle, mon aïeul s’est dit qu’il allait créer un établissement thermal comme il en existait alors d’autres en France, principalement fréquentés par la haute société. Il a investi de sa propre poche pour monter ce projet car évidemment, à l’époque, il n’y avait pas de subventions ou d’aides publiques
C’est cela qui a permis l’essor de la ville ?
Entre autres oui, car celle-ci était alors particulièrement mal desservie. Pour arriver ou quitter Saint-Honoré [la ville a accolé l’expression « Les Bains » à son nom seulement en 1974, Ndlr], il fallait traverser les bois. Il n’y avait pas de routes, on ne pouvait passer ni en calèche ni en char à bœufs, seulement à cheval. Donc c’est vraiment la naissance de la station thermale qui est à l’origine du développement des infrastructures routières autour de Saint-Honoré et donc de son essor économique.
La station rencontre rapidement un très fort succès…
Oui, l’établissement ouvre en 1854 et, dès les années qui suivent, tout ce que la France compte alors d’artistes ou d’hommes politiques vient prendre les eaux à Saint-Honoré. La reine d’Espagne par exemple, qui loue une maison en ville, l’impératrice Eugénie aussi ou encore l’écrivain Chateaubriand…
Comment expliquer ce succès, alors que d’autres stations thermales se développent par ailleurs dans les Alpes, le Massif central ou les Vosges ?
Justement parce que c’est la station thermale la plus proche de Paris. Pour prendre une comparaison avec la période contemporaine, on pourrait dire qu’on venait ici comme aujourd’hui les Parisiens vont passer le week-end à Deauville. À partir des années 1950, on voit débarquer une autre clientèle, des chanteurs ou des sportifs. Saint-Honoré est sur la route de toutes les tournées des yéyé. Et le tournoi de tennis de la ville accueille chaque année le numéro 1 français de l’époque. Ce fut l’âge d’or de la station !
De terre et d’eau
Saint-Honoré est réputée pour ses thermes mais c’est aussi une ville de terre ! Grâce à l’argile dont regorgent les sous-sols de la région, une entreprise de poterie voit le jour au milieu du XIXe siècle. Elle produit des faïences jusqu’en 1926. Unique en Europe, l’édifice, qui se trouve dans l’enceinte du château de la Montagne, est classé Monument historique depuis 1995.
Propos recueillis par Rémi Belot
Infos pratiques : le château de la Montagne se visite sur réservation d’avril à septembre, et sans réservation pour les Journées européennes du patrimoine. Plus d’infos sur chateau-de-la-montagne.com