À la Cité internationale de la gastronomie et du vin de Dijon, même le moins connaisseur peut s’initier à la dégustation grâce aux ateliers immersifs de l’École des vins de Bourgogne dans un espace conçu pour titiller tous les sens et faire rimer goulot avec ciboulot – ou, pour le dire élégamment, déguster avec les sens… et le cerveau. Ce qu’a fait la journaliste Emmanuelle de Jesus pour Koikispass.
Le vin, nous sommes d’accord, c’est du plaisir d’abord. Mais pourquoi ne pas l’épicer d’un peu de savoir ? Apprendre en savourant, c’est la philosophie des ateliers immersifs de l’École des vins de Bourgogne, lancés par le BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne), qui se déroulent à la Cité Internationale de la gastronomie et du vin de Dijon (Côte-d’Or).
En ce jour de janvier, j’ai choisi l’atelier « L’effet millésime » qui me promet, en moins d’une heure, de comprendre comment l’année de récolte (le millésime) influence le goût du vin, l’importance du travail du vigneron et également pourquoi certains vins se bonifient en vieillissant alors que d’autres ne seront pas « de bonne garde » (le vin c’est aussi du vocabulaire).
Nous sommes deux, accompagnées d’une formatrice. Devant nous : un verre de dégustation, un deuxième pour la carafe d’eau et un crachoir. Pendant 40 minutes, nous ferons une « verticale » : nous allons goûter trois vins de même appellation d’un même domaine mais de trois années différentes. Pour nous, ce sera un saint-véran, un vin blanc produit au sud du vignoble mâconnais, millésimes 2017, 2018 et 2019.
Une question d’équilibre
La dégustation commence par la projection sur l’ensemble des murs d’une scénographie qui nous plonge littéralement dans ce qu’est un millésime : pas seulement une année, mais surtout une météo ! Un grand millésime résulte d’un subtil équilibre entre l’ensoleillement, la pluie, du froid au bon moment, l’absence de gel tardif ou de grêle qui vont influencer la quantité de raisin récoltée mais aussi sa qualité, que le vigneron mesure au taux de sucre (transformé plus tard en alcool dans le secret des cuves) et à la couleur des peaux ou aux pépins !
« Un bon millésime, nous explique la formatrice, c’est celui qui permet au terroir de s’exprimer pour que le vin donne ce qu’on attend de son appellation. » Dans le cas du saint-véran, nous sommes en présence d’un vin équilibré entre une attaque fraîche et une structure plus ronde, avec un peu de « gras ». Ces explications en tête, on passe à la dégustation ! Celle-ci commence par l’observation de la « robe » (la couleur) de chaque vin – ils sont servis les uns après les autres, le verre vidé au crachoir entre chaque millésime – et déjà on voit des différences entre l’or pâle d’un 2019 et le doré d’un 2017. Au nez aussi, c’est très différent : le 2018 sent la fleur, quand le 2017 offre des notes de miel. Au palais, enfin, je me souviendrai longtemps de cette différence entre l’infime effervescence du 2019 s’ouvrant sur des notes minérales mais déjà chaleureuses et le 2018 plus tendu, alors que le 2017, équilibré, généreux, offrait toutes les caractéristiques de son appellation. Le meilleur ? J’ai compris pourquoi un tout petit chiffre pouvait changer un vin…
Infos pratiques : ateliers de l’École des vins de Bourgogne à la Cité Internationale de la gastronomie et du vin, 2, rue de l’Hôpital, Dijon (21). A partir de 26 € par personne. Infos et réservation sur reservation.ecoledesvins-bourgogne.com
Nos bonnes adresses à Dijon
Où manger ?
Au Bouillon Notre-Dame, une brasserie comme dans un film de Claude Sautet, où les plats de mamie sont tous faits maison (mention spéciale à la saucisse-purée et aux coquillettes à la crème truffée). Après le repas, traversez la rue pour aller toucher (de la main gauche) la chouette sur le flanc de la cathédrale Notre-Dame et faites un vœu. 9, place Notre-Dame, Dijon (21). Ouvert tous les jours. Sans réservation. Plus d’infos sur Instagram @bouillon.notre.dame
Quoi visiter ?
Le musée des Beaux-Arts et sa merveille : les tombeaux des ducs de Bourgogne où la magnificence hiératique de Philippe le Hardi, de Jean sans Peur et Marguerite de Bavière est supportée par les dizaines de sculptures des pleurants, tous figés dans une posture différente. 1, rue Rameau, Dijon (21). Fermé le mardi. Accès gratuit aux collections permanentes. Plus d’infos sur beaux-arts.dijon.fr
Où se balader ?
Dans les rues de Dijon, en suivant le Parcours de la Chouette qui vous emmène dans tous les lieux incontournables de la ville. Avis aux amateurs : il y a six Space Invaders (mosaïques du street-artiste Invader) à trouver sur les murs. Plus d’infos sur destinationdijon.com
Où dormir ?
En attendant de pouvoir (un jour) loger au Hilton de Dijon, on vous incite à tester les chambres d’hôtes des Marcs d’or de Ludovic Escalonna. Dans l’écurie d’une maison de vigneron datant de 1820, entourée de terrasses à l’italienne et de verdure, Ludovic propose des chambres meublées d’époque, et même une suite avec jardin privé. Les tables d’hôtes (30 €) invitent à découvrir les produits et les vins de Bourgogne. On est à deux pas du centre-ville de Dijon, tout près de la rivière Ouche, en pleine nature, et pour un prix inférieur à 90 € la nuit (hormis la suite à 120 €). 7, rue des Marcs d’Or, Dijon (21). Tél. : 06 42 41 42 81
Emmanuelle de Jesus