« Ça ne marchera jamais »… Voilà la petite ritournelle que Gilles et Sylvie Iniesta ont entendue quand ils ont cherché des soutiens pour leur projet de résidence street art il y a un peu plus de dix ans à Lurcy-Lévis. Une décennie plus tard, plusieurs centaines d’artistes sont sur liste d’attente et les visiteurs se pressent en masse pour admirer les fresques qui recouvrent les bâtiments du vieux centre de formation de France Télécom. Une nouvelle saison débute mercredi 8 mai par une session d’ouverture spéciale jusqu’au 20 mai.
Quelle est la particularité de Street Art City ?
Gilles Iniesta : Dans le street art, les performances sont généralement éphémères. Ici, nous avons créé une résidence, c’est-à-dire un lieu où les artistes viennent travailler sur la durée. Cela n’existait pas à l’époque où nous avons imaginé le projet en 2015 et à ma connaissance cela reste unique au monde aujourd’hui.
Comment fonctionnez-vous ?
Nous sélectionnons les artistes de manière anonyme, sur dossier, ce qui nous permet de ne juger que sur la qualité artistique et non sur la réputation. Une fois retenu, on lui envoie une photo et les dimensions des murs que l’on souhaite recouvrir. Depuis chez lui, il peut alors commencer à imaginer son œuvre, travailler sur un sketch (un brouillon, Ndlr), évaluer la durée de sa résidence. Certains vont avoir besoin de deux semaines seulement, d’autres de deux mois. C’est en général la durée requise pour réaliser une œuvre. Le principe de la résidence, c’est que les artistes soient logés sur place. On leur fournit également tout le matériel dont ils ont besoin : bombes, échafaudages, etc.
Vous vous considérez comme un musée ou comme une galerie ?
Un peu des deux, et un peu plus encore ! Pour nous, l’intérêt de la résidence est de permettre à des artistes pas ou peu connus d’émerger. C’est une belle vitrine pour eux. Nous sommes déjà passés de nombreuses fois dans les journaux télévisés français comme étrangers, avec des reportages de médias allemands, suisses ou encore grecs. Nous proposons également aux résidents de produire des toiles pendant leur séjour chez nous. Avec 1400m² d’espace d’exposition, on peut montrer entre 200 et 250 toiles en permanence aux visiteurs. Depuis 2017, nous vendons plus d’une œuvre par jour en moyenne : il n’y a pas une galerie au monde qui peut se vanter d’un tel succès !
En quoi va consister l’ouverture exceptionnelle de la résidence d’artistes pendant treize jours, de l’Ascension à la Pentecôte ?
Le public pourra entrer dans les coulisses de la création de douze artistes différents comme Zeso, qui est l’un des premiers que nous avons lancés ici en 2017 et qui a désormais une grande renommée, mais aussi Ted Nomad, Ben Caillous ou Sakew. Leur travail sera mis en scène à travers une magnifique exposition.
Propos recueillis par Rémi Belot
Infos pratiques : Street Art City – Les Bruyères de Béguin, Lurcy-Lévis (03). Ouverture du 8 mai au 3 novembre (opération portes ouvertes de la résidence artistique du 8 au 20 mai). Tarif : 20€ (plein tarif), 10€ (6 à 16 ans). Infos et réservations sur street-art-city.com